Comparatif des offres Internet par satellite : Starlink bouscule le marché

Comparatif des offres Internet par satellite : Starlink bouscule le marché L'arrivée en France de l'Américain a dynamisé le petit monde de l'internet satellitaire. Si l'opérateur, propriété d'Elon Musk, a réveillé un marché endormi, les acteurs historiques disposent de sérieux atouts.

Le plan France Très Haut Débit a permis de placer la France en tête des grands pays européens en termes de déploiement de la fibre optique. Selon le dernier décompte de l'Arcep, l'autorité de régulation du secteur des télécoms, 91% des locaux - habitations ou entreprises -, sont aujourd'hui raccordables à la fibre optique. Il reste toutefois des zones blanches mais aussi des zones grises où sévit encore un accès internet en mode dégradé, de type ADSL, qui ne répond pas aux exigences du travail collaboratif et du télétravail.

Pour les entreprises situées dans les régions rurales ou montagneuses, c'est souvent la double peine. Elles n'ont généralement ni la fibre ni la 4G/5G. Reste une alternative : l'internet par satellite. Avec le satellite, les conditions de couverture ne se posent plus. Pour reprendre la formule de Starlink, si vous voyez le ciel, c'est que vous êtes éligible. Une parabole, posée sur une toiture, un mur du bâtiment ou un mat, suffit à bénéficier d'un accès internet d'au moins 20 Mbit/s pour le prix d'un abonnement à la fibre (voir le tableau comparatif des offres ci-dessous).

Comparatif des offres internet par satellite pour les entreprises
  Starlink Nordnet Orange OuiSat skyDSL
Nom de l'offre Enterprise Neosat Pro Satellite Orange avec Nordnet OuiSat LEO skyDSL Business
Débit théorique descendant  Jusqu'à 350 Mbit/s Jusqu'à 200 Mbit/s Jusqu'à 200 Mbit/s Jusqu'à 220 Mbit/s Jusqu'à 25 Mbit/s
Position satellite LEO GEO GEO LEO GEO
Trafic prioritaire De 50 Go à 200 To 500 Go NC De 40 Go à 6 To NC
Coût du kit d'installation (HT) 1 191 euros Mise à disposition 249 euros A partir de 449 euros (kit standard) 399 euros
Tarif mensuel (HT) A partir de 44 euros 99 euros A partir de 33 euros A partir de 79 euros A partir de 19 euros

L'internet venu de l'espace ne sert pas seulement à pallier l'absence de fibre optique dans les zones pas ou mal desservies. Un accès satellitaire peut servir de back-up à un réseau terrestre. En cas de coupure internet ou d'électricité, l'entreprise bascule automatiquement sur ce réseau secondaire, assurant la continuité d'activité.

L'internet satellitaire permet également de connecter des entrepôts situés loin des agglomérations ou une flotte de camions. Enfin, "il peut constituer un réseau de secours en cas catastrophe naturelle, comme lors des incendies en Gironde ou lors du passage du cyclone Chido à Mayotte, ou ponctuellement pour couvrir un événement comme un festival de musique", avance François Le Gall, chef de produit marketing de Bemove, une marque du groupe Le Figaro (auquel appartient également le JDN) qui édite le site comparatif Ariase.

GEO ou LEO ?

Le lancement commercial de Starlink au printemps 2021 a bousculé et démocratisé un marché qui ne faisait que vivoter. Nés dans les années 1970, les acteurs Eutelsat et Inmarsat se sont longtemps adressés à quelques riches utilisateurs comme les plaisanciers et les propriétaires de yachts, seuls à même de pourvoir souscrire à leurs offres. Les satellites de ces opérateurs historiques sont dits géostationnaire (GEO). C'est-à-dire qu'ils restent, comme leur nom l'indique, fixes à 36 000 km d'attitude. Ce qui leur permet de garantir une connexion d'une grande stabilité.

Filiale de SpaceX, propriété d'Elon Musk, Starlink a fait, lui, le choix révolutionnaire de placer ses satellites en orbite basse (ou LEO pour low earth orbit), à environ 550 km au-dessus de la terre. La distance à parcourir entre l'utilisateur et le satellite est donc 65 fois moindre. Ce qui permet à Starlink de revendiquer un débit maximal de 350 Mbit/s et un temps de latence de 25 millisecondes.

Dans les faits, le site comparatif Zone ADSL&Fibre a mesuré une vitesse moyenne de 92 Mbit/s en download et 14 Mbit/s en upload. Le ping (soit la latence) est, lui, compris entre 30 et 80 millisecondes. Ce qui reste bien inférieur à celui des satellites géostationnaires qui peut s'élever jusqu'à 700 millisecondes. "Ce critère est clé pour les applications temps réel comme la visioconférence", indique Benjamin Gervais, dirigeant de Zone ADSL&Fibre.

Starlink met aussi en avant la densité de sa constellation, avec plus de 6 750 satellites en orbite et à 42 000 à terme. Par ailleurs, au-delà de l'internet fixe, Starlink propose des forfaits en itinérance pour une utilisation mobile, sur terre et en mer, à des tarifs toutefois nettement plus élevés (à partir de 241 euros).

En attendant le lancement commercial de Kuiper, le projet concurrent porté par Amazon dont la version bêta devait être lancée fin 2024, Starlink est bien seul dans l'espace. En Europe, seul OneWeb, racheté par le français Eutelsat en 2023, a fait le choix du positionnement en orbite basse avec une constellation de plus de 600 satellites en orbite basse.

Des alternatives souveraines à Starlink

Le comportement erratique du dirigeant Starlink, Elon Musk, et ses déclarations politiques nuisent toutefois à la réputation de l'opérateur. Comme dans le cas de Tesla, autre entreprise du multimilliardaire américain, des abonnés particuliers ont décidé de boycotter l'opérateur et de rendre leurs antennes, selon un récent appel à témoignages de Capital.

Les entreprises pourraient aussi réfléchir à deux fois avant de s'engager avec Starlink. "Dans le contexte géopolitique actuel, les solutions alternatives et souveraines sont analysées de près", estime Benjamin Gervais. Pour l'heure, seul OuiSat (ex Numerisat), avec son offre OuiSat, propose un accès satellitaire en orbite basse pour les professionnels en utilisation fixe et mobile comme Starlink.

Au-delà des seules performances techniques, d'autres critères de sélection doivent être étudiés. "Le spectre radio utilisé par les satellites est limité et partagé entre tous les abonnés", explique François Le Gall. "Comme sur une autoroute, des bouchons peuvent se former. Selon sa politique de 'fair use', un opérateur peut brider ponctuellement son débit pour éviter la congestion de sa bande passante."

Les opérateurs précisent, dans leurs offres, le quota de data priorisé. Nordnet, filiale d'Orange, propose ainsi un forfait avec un trafic prioritaire de 500 Go en deçà de 100 euros, moins cher que l'offre équivalente chez Starlink.

Le coût parfois rédhibitoire du kit d'installation

Le coût du kit d'installation (parabole, modem, câble...) entre également en jeu. Bien que son prix a été récemment baissé, celui de Starlink reste particulièrement élevé. A noter qu'une l'entreprise qui retient une solution labellisée - ce qui est le cas de Nordnet, Orange ou Numerisat mais pas de Starlink - peut recevoir une aide de l'Etat allant jusqu'à 300 euros sur le coût d'équipement.

Pour bénéficier de ce dispositif baptisé Cohésion Numérique des Territoires, l'entreprise doit se situer dans une commune éligible, et ne pas bénéficier d'un accès internet par les réseaux filaires dont le débit descendant serait supérieur à 30 Mbit/s. Si Starlink préconise l'auto installation de la parabole, le paramétrage s'effectuant à l'aide de son application mobile, il est conseillé de faire appel à installateur agréé. Orange Business assure lui-même l'installation, la maintenance sur site et le support en 7/24. A noter qu'Orange, depuis novembre 2023, commercialise sous sa marque ses propres offres de télécommunication par satellite en s'appuyant sur sa filiale Nordnet.

De son côté, Starlink dispose également d'un réseau de revendeurs officiels parmi lesquels on trouve Bouygues Telecom Entreprise, ICE Telecom, Sewan. Au-delà de l'installation et le paramétrage de l'équipement, ces revendeurs peuvent assurer le raccordement de la solution Starlink à un routeur d'entreprise ou à une infrastructure SD-Wan, gérer une flotte de paraboles pour les entreprises multisites, filtrer les accès pour éviter les surcoûts ou apporter une couche de cybersécurité supplémentaire.