Le mirage de la MACH Alliance

La MACH Alliance est née avec de nobles intentions : briser le monopole des plateformes monolithiques. Ce qui devait être un mouvement de libération technologique s'est transformé en un casse-tête.

La MACH Alliance est née avec de nobles intentions : briser le monopole des plateformes monolithiques grâce à son approche basée sur les microservices, les API-first, le cloud-native et les architectures headless. Sa vision d’un commerce modulaire, combinant les meilleures solutions du marché, semblait révolutionnaire au premier abord (et elle l’a été pour certains). Pourtant, ce qui devait être un mouvement de libération technologique s’est transformé en un casse-tête et a engendré autant de problèmes qu’il en a résolu.

L’énigme de l’intégration

Les entreprises se retrouvent noyées sous une multitude d’APIs, jonglant avec des dizaines de fournisseurs et consacrant des heures infinies à construire des couches complexes d’API afin d’harmoniser des services disparates. La promesse d’une intégration transparente s’est révélée être une illusion : maintenir la cohérence des données et assurer des workflows fiables dans ce labyrinthe devient un défi monumental. Chaque nouvelle intégration ajoute une couche de complexité, rendant l’écosystème fragile, où une seule modification peut provoquer un effet domino catastrophique.

L’épidémie des coûts cachés

Le récit du best-of-breed passe sous silence le fardeau financier de la gestion de multiples fournisseurs, avec leurs licences, leurs contrats de support et leurs exigences d’infrastructure. Les entreprises qui adoptent des solutions hyper-personnalisées finissent par fonctionner comme des éditeurs de logiciels internes, détournant des ressources précieuses de leur cœur de métier. Ce qui semble économiquement viable lors des premières évaluations se transforme en gouffre financier, avec des coûts de développement, de maintenance et d’opération qui explosent. Au-delà des dépenses directes, l’impact réel se mesure aussi en opportunités manquées, en délais de mise sur le marché et en perte d’agilité commerciale.

Le bourbier opérationnel

Le fardeau opérationnel imposé aux utilisateurs métiers est peut-être l’aspect le plus dévastateur. Dans les grandes entreprises, des millions d’euros sont investis pour construire des expériences utilisateurs et des workflows intégrés sur mesure. Les équipes marketing passent un temps précieux à naviguer entre des systèmes disparates, les équipes merchandising peinent à maintenir une expérience produit cohérente et les créateurs de contenu doivent jongler avec des processus fragmentés, réduisant drastiquement leur productivité.

Cette expérience fragmentée crée une friction organisationnelle qui affecte directement la performance de l’entreprise : coûts élevés de formation, retards dans les campagnes marketing, incapacité à répondre rapidement aux évolutions du marché. De plus, l’innovation basée sur l’IA devient difficile à exploiter lorsque les données restent cloisonnées, empêchant la personnalisation avancée que le commerce moderne exige.

Le cauchemar de la sécurité et de la confidentialité

Les architectures entièrement best-of-breed souffrent d’un problème majeur de réplication des données : un même objet de données se retrouve dupliqué dans de multiples systèmes. Pire encore, plusieurs fournisseurs technologiques ont accès à ces données sensibles, exposant l’entreprise à des risques de sécurité accrus.

Une architecture e-commerce pérenne doit garantir une gestion simplifiée des données et un respect strict des normes de sécurité (PCI, RGPD…). Or, le modèle MACH échoue sur ce point, car il exige des efforts considérables pour standardiser et auditer les pratiques de sécurité sur des dizaines de fournisseurs différents.

Dans un écosystème numérique interconnecté, la confiance dans les technologies utilisées devient essentielle. Pourtant, les intégrateurs système misent sur des personnalisations coûteuses et des intégrations complexes, créant ainsi une dépendance artificielle qui va à l’encontre de la simplicité architecturale recherchée.

La voie à suivre

Aujourd’hui, si les principes MACH sont devenus la norme dans le développement d’applications web modernes, ils ne sont plus différenciants. Le véritable enjeu est de créer de la valeur business. L’industrie du e-commerce doit cesser d’idéaliser les concepts architecturaux et se concentrer sur ce qui compte réellement : les résultats commerciaux.

Pour y parvenir, les architectures de commerce digital efficace doivent appliquer les principes du commerce composable de manière réfléchie, afin de créer un écosystème connecté et performant. Elles doivent être pragmatiques et utiliser le best-of-breed uniquement lorsqu’il offre un retour sur investissement clair et mesurable. Elles doivent être orientées sur les résultats et conçues avec des objectifs business précis, de même que centrées sur l’humain, priorisant les besoins des développeurs, des marketeurs et des consommateurs finaux. Le nouveau MACH doit offrir de la modularité là où c’est pertinent et de la standardisation là où cela simplifie.

L’Alliance MACH a joué un rôle clé en nous libérant des plateformes monolithiques. Désormais, il est temps de nous libérer du dogme MACH lui-même. Adoptons des écosystèmes interconnectés et standardisés, offrant une solution pérenne, fiable et orientée business. Car l’architecture la plus élégante est celle qui apporte des résultats concrets.

Pour toutes les raisons expliquées ci-dessus, VTEX suspend temporairement son soutien à la MACH Alliance. La société en sera de nouveau membre si MACH travaille et défend les principes suivants : une architecture simple et légère, un écosystème logiciel entièrement connecté OOTB, pas de middleware ou une couche d'intégration middleware minimale et enfin, défendre les intérêts business des marchands et des marques (et non l’intérêt du fournisseur).