Nexthink lève 180 millions de dollars pour booster la perf digitale du (télé)travail
Editeur d'une plateforme de pilotage de l'expérience utilisateur (UX) du poste de travail, le suisse Nexthink boucle un tour de table de 180 millions de dollars. Menée par le fonds Growth Opportunities (groupe Permira) avec la participation de deux investisseurs historiques, Highland Europe et Index Ventures, cette série D hisse la valorisation de la société à 1,1 milliard de dollars. En incluant cette nouvelle opération, la licorne porte à 336 millions de dollars le total des fonds levés depuis sa création en 2004. Nexthink en profite pour annoncer l'entrée de Bruce Chizen, ex-PDG d'Adobe, au sein de son conseil d'administration.
Evidemment, ce tour de table n'arrive pas par hasard. "Le développement du télétravail a considérablement renforcé le besoin des entreprises dans l'optimisation de l'expérience numérique de leurs collaborateurs, la grande majorité des interactions professionnelles étant dorénavant digitales. Du coup, l'expérience numérique devient stratégique et un enjeu différenciateur pour la satisfaction des équipes", souligne Pedro Bados, PDG et co-fondateur de Nexthink. Dans ce contexte, pas étonnant que l'éditeur ait clôt 2020 en beauté. Avec pas moins de 180 nouveaux clients signés sur l'année, dont Engie, Siemens ou Total, Nexthink a passé la barre des 1 200 références, dont 200 issues du Global 2000. Avec, à la clé, 11 millions de postes de travail équipés de sa solution. Résultat : son revenu annuel récurrent dépasse désormais les 100 millions de dollars.
Un suivi temps réel de l'UX du collaborateur
Disponible sur AWS et Azure sous forme de service managé, la plateforme de Nexthink est conçue pour mesurer la performance globale de l'environnement numérique de travail. Via un simple collecteur d'événements déployés sur les postes des collaborateurs, elle fédère en temps réel 700 points de données et les traduit en indicateurs : applications et versions installées, crashs, erreurs de connexion, conformité aux politiques de cybersécurité… A partir de là, elle génère des tableaux de bord en croisant et corrélant ces informations. "Par exemple, si l'antivirus d'une catégorie de PC n'a pas été mis à jour sur une implantation donnée, elle le détectera immédiatement", explique Christophe Bouchardeau, vice-président Europe du Sud de Nexthink. Les dashboard affichent la performance de l'UX et leur évolution sous forme de scores selon plusieurs axes : navigation web, statistiques des outils de collaboration, des applications métier... Sachant que ces axes sont personnalisables.
"Un administrateur système bénéficiera ainsi d'une vision complète de son parc de PC. Si un indicateur n'est pas à la hauteur, il pourra faire drill down dans les données pour remonter à la source du problème et agir rapidement", poursuit Christophe Bouchardeau. Les scores de performance pourront également être corrélés avec le ressenti des salariés. Pour recueillir ces feedbacks, la plateforme est équipée d'un module (baptisé Engage) taillé pour envoyer des campagnes aux groupes de collaborateurs confrontés à un problème technique ou à tout autre source d'insatisfaction. En aval, ce module automatise l'envoi d'alertes, notamment en cas d'actions réalisées sur les postes, ou encore de messages pour aider les utilisateurs à résoudre un problème par eux-mêmes. "Nexthink est capable en parallèle d'identifier les nœuds ou les commutateurs réseau défaillants au sein du système d'information", ajoute Christophe Bouchardeau.

Dernier module de la plateforme, Act fournit un catalogue d'actions automatisées ou actionnables en un clic pour résoudre les incidents à distance, corriger un problème récurrent, installer un logiciel, une mise à jour, etc. Le défi ? Donner à une entreprise comptant quelques dizaines à plusieurs centaines de milliers de postes, qu'ils soient sur site ou à domicile, la capacité d'industrialiser les déploiements logiciels et la maintenance du parc informatique.
Vers l'APM et la mobilité
Fort de son nouvel apport d'argent frais, Nexthink entend booster sa présence commerciale en Amérique du Nord, son principal champ de bataille en dehors de l'Europe. Comptant 11 bureaux à travers le monde, l'éditeur réalise 45% de son chiffre d'affaires dans cette région. Une plaque géographique, dont le siège est installé à Boston, où il compte 140 salariés sur un effectif de 700 au total. Pour renforcer ses équipes de vente outre-Atlantique, Nexthink prévoit de passer le cap des 900 collaborateurs d'ici la fin de l'année. Une partie des nouvelles recrues viendra aussi grossir les rangs de la R&D basée au siège historique du groupe, à Lausanne.
Côté roadmap produit, Nexthink prévoit de lancer en avril prochain un module d'application performance management (APM) qui sera baptisé Application Experience. Sa valeur ajoutée : mesurer la performance des applications telle qu'elle est perçue par l'utilisateur, du temps d'accès à la qualité d'affichage. En parallèle, l'entreprise planche sur une refonte de sa brique de VDI (pour virtual desktop infrastructure) en vue de la rendre plus fine en termes de fonctionnalités. L'IA est également au programme de sa feuille de route. Objectif affiché : automatiser la résolution des problèmes informatiques, et in fine rendre l'assistance aux utilisateurs plus rapide et plus efficace. Déjà intégré à ServiceNow, Nexthink pourrait en outre être tenté de multiplier les passerelles vers d'autres logiciels tiers de gestion du support, par exemple vers Zendesk ou Jira Service Desk.
Enfin, l'extension de la plateforme de Nexthink au pilotage de la performance digitale sur smartphone est à l'étude. Une évolution qui ouvrira à l'éditeur un nouvel horizon en termes de perspective de croissance.