A l'ère de la fast fashion, la mode doit apprendre à ralentir le rythme

Avec l'essor de la mode d'occasion et l'évolution des attentes écologiques et économiques, les acteurs du retail doivent mettre en place de nouvelles stratégies pour s'adapter à ces tendances.

D’après une étude réalisée par Enov, 46% des consommateurs français déclarent avoir accru leurs achats d'occasion au cours de l'année écoulée, et 44% envisagent de les augmenter davantage à l'avenir. Le marché de la mode d’occasion devrait doubler d’ici 2027 (pour atteindre 350 milliards de dollars) et ainsi dépasser celui de la fast fashion.

Il devient crucial pour les entreprises du secteur du retail de s’adapter à cette nouvelle tendance afin de répondre aux nouveaux besoins économiques et écologiques de leurs consommateurs. 

Vers une mode durable et intemporelle : sortir de la frénésie des tendances 

La mode, surtout dans la fast fashion, est une course effrénée où chaque tendance chasse la précédente avant même d’avoir eu le temps de s’installer. Ce rythme excessif pousse les marques à renouveler constamment leurs collections et les consommateurs à se détourner rapidement de leurs vêtements après quelques utilisations. 

Certaines enseignes prennent pourtant le contre-pied et repensent le modèle traditionnel pour adopter une mode plus durable. Armor-Lux par exemple, continue de proposer ses marinières emblématiques dans une collection permanente, valorisant des pièces intemporelles conçues pour durer et adaptées à tous les âges. En rééditant ces pièces sans céder à la logique des tendances saisonnières, la marque limite le gaspillage textile tout en incitant les consommateurs à privilégier des achats responsables.

Les marques ne peuvent plus se permettre de produire des vêtements en continu sans discernement. Elles doivent s’affranchir du calendrier traditionnel de la fast fashion, dont les conséquences sont désastreuses. Plutôt que de multiplier les collections saisonnières, le secteur textile doit privilégier des collections durables, voire permanentes, centrées sur des pièces intemporelles et essentielles. 

Prolonger la vie des vêtements : repenser la consommation

Dépasser la logique des tendances éphémères est un premier pas pour les marques, mais il est tout aussi essentiel de répondre à l’essor de la servicialisation afin de prolonger la durée de vie des produits. Pour cela, certaines enseignes développent des stratégies incitant les consommateurs à réduire le gaspillage vestimentaire et à privilégier des alternatives plus durables.

En 2023, le groupe Eram lance Claquettes Market, un service d’échange permettant à ses clients de revendre leurs chaussures en contrepartie d’un crédit à utiliser sur de futurs achats. Les paires sont ensuite réparées, nettoyées et restaurées, puis remises en vente en magasin ou sur le site de la marque.

Dans une culture du jetable, les marques doivent guider les consommateurs vers des pratiques plus responsables, en les encourageant à réparer leurs produits plutôt qu'à en acheter de nouveaux dès qu'ils ne fonctionnent plus. C’est le cas de Patagonia, marque emblématique des vêtements de sports extérieurs qui a adopté le développement durable comme valeur fondamentale. Son initiative pionnière « Worn Wear », permet aux clients de faire réparer leurs vêtements et équipements sportifs, ou de les revendre lorsqu’ils n’en ont plus l’usage, et conjugue ainsi performance, durabilité et engagement environnemental.

Ces stratégies marquent un premier pas vers une industrie textile durable et à moindre impact écologique. Les acteurs du prêt-à-porter ont leur rôle à jour en réinventant leur manière de produire et de vendre. Mais pour s'adapter durablement, les marques doivent également miser sur l'IA et des données produits complètes et fiables, afin d'optimiser l'expérience client, la gestion de stocks et la transparence, désormais essentielles pour fidéliser une clientèle en quête de sens.