100 euros de plus par mois = 1 an d'espérance de vie en plus, les chiffres sont sans appel
Pénibilité au travail, horaire, salaire, lieu de résidence, l'espérance de vie en France varie énormément d'une situation à l'autre. Dire qu'il y a une espérance de vie commune en France en devient trompeur tant elle évolue, parfois à l'euro près.
Il y a sept ans, l'Insee, l'Institut national de statistiques, s'est lancé dans un défi : mesurer l'espérance de vie en fonction du niveau de vie et du salaire. On y apprend - sans surprise jusque là - que plus le niveau de vie est aisé, plus l'espérance de vie augmente, indépendamment du niveau d'éducation. Plus largement, les ouvriers ont plus de deux fois plus de risque que les cadres de mourir entre 35 et 65 ans, constate également l'Insee dans une autre étude, publiée en juillet dernier celle-là.
Très concrètement, une augmentation de 100 euros du revenu d'une personne a un impact considérable sur son espérance de vie. Un homme qui gagne 1 100 euros par mois voit son espérance de vie grimper de onze mois par rapport à celui qui gagne 1 000 euros. Pour une femme, cette même augmentation se traduit par un gain de huit mois. C'est, là encore, la preuve que plus le niveau de vie est élevé, plus l'espérance de vie l'est aussi.

Les difficultés financières peuvent limiter l'accès aux soins et donc influencer l'état de santé. Les personnes ayant un niveau de vie plus élevé bénéficient généralement d'un meilleur accès à la prévention et aux traitements médicaux, ce qui leur permet de mieux gérer les problèmes de santé avant qu'ils ne deviennent critiques.
La nature même des métiers exercés joue également un rôle crucial. Les cadres sont bien moins exposés aux risques professionnels que les ouvriers. Comme le souligne la statisticienne de l'Insee Nathalie Blanpain dans son rapport, "les comportements de santé à risque, les moindres recours et accès aux soins, ou encore l'obésité sont moins fréquents chez les cadres que chez les ouvriers". Les cadres bénéficient également d'une moindre consommation d'alcool et de tabac comparé aux ouvriers.
A noter que l'espérance de vie augmente de moins en moins rapidement avec le niveau de vie. Aux alentours d'un niveau de vie de 2 000 euros par mois, une augmentation de cent euros, ne fait bondir l'espérance de vie que de quatre mois pour les hommes et deux mois pour les femmes.
Un facteur souvent négligé est l'influence du conjoint. L'espérance de vie d'une personne n'est pas liée qu'au travail. Les couples partagent généralement le même environnement, les mêmes habitudes alimentaires et un niveau socio-économique similaire. Et le tabagisme de l'un impacte la santé de l'autre.
Les disparités géographiques sont également marquées. Selon l'INED, les habitants du Pas-de-Calais ont l'espérance de vie à 60 ans la plus faible, tandis que la région parisienne, les départements du sud-ouest et de la région Rhône-Alpes bénéficient d'une plus grande longévité.