Cette décision du gouvernement va encore faire grimper le prix des factures d'électricité
Alors que le gouvernement promet une "protection permanente" sur les prix de l'électricité, le nouveau calcul des factures, prévu par EDF, va en réalité coûter plus cher aux ménages Français.
Un nouveau montant et une nouvelle méthode de calcul pour les prix de l'électricité. Après des mois de négociation, le gouvernement est finalement parvenu à trouver un accord avec le seul producteur/distributeur d'électricité en France, EDF. Un accord qui s'annonce comme une bien mauvaise nouvelle pour les ménages, alors que les foyers ont déjà subi une hausse des prix de l'électricité de 25% au cours de l'année 2023 et qu'une nouvelle augmentation de 10% est attendue en février 2024.
Une évolution des tarifs causée par l'inflation, survenue dans le sillage de la guerre en Ukraine, et par les défauts de production qui ont frappé certaines centrales nucléaires françaises. C'est pourtant avec satisfaction que le ministre de l'Economie, Bruno le Maire et le PDG d'EDF, Luc Rémont ont dévoilé les contours de l'accord, censé garantir, selon eux, "une protection permanente" sur les prix de l'électricité. Or, c'est plus compliqué que ça !
Pour résumer, l'accord signé entre l'Etat et EDF met fin au tarif régulé de l'électricité. Instauré depuis 2012, ce dispositif permettait de plafonner le prix d'un tiers des stocks d'électricité vendus en France. En vigueur jusqu'au 31 décembre 2025, le prix régulé de l'électricité est fixé à 42 euros le mégawattheure (MWh), et ce même si les tarifs sur le marché sont bien supérieurs. Résultat, une bonne partie de la facture des ménages ne peut pas augmenter. Mais ça, c'est désormais terminé !
Le nouvel accord a pour objectif d'atteindre, dès 2026, un prix moyen de l'électricité "autour de 70 euros le mégawattheure (MWh)". Si le prix du MWh dépasse les 80 euros, alors l'Etat s'autorisera à prélever 50% des revenus supplémentaires générés par EDF grâce à la vente d'électricité. Le prélèvement grimpera à 90% si le prix du MWh excède les 110 euros. Ces différentes ponctions au delà des seuils indiqués serviront à financer des aides publiques destinées à réduire la facture des consommateurs. Néanmoins, plusieurs scénarios laissent présager une forte hausse des factures d'électricité.
En effet, le dispositif imaginé par le gouvernement risque de faire monter en flèche la note des consommateurs. "Si le prix de marché atteint 77€/MWh, le gouvernement ne mettra en place aucune aide publique pour protéger les ménages, alors que la note sera nettement plus salée qu'à l'heure actuelle où le tarif régulé (42€/MWh) permet encore de tempérer une partie de la facture", explique Nicolas Goldberg, membre du think-tank Terra Nova.
"Enfin, si les prix de l'électricité montent à 90€/MWh, le gouvernement appliquera une protection de 50% sur le montant au dessus de 80€/MWh : la facture sera donc de 85€/MWh, soit bien plus qu'auparavant", poursuit l'expert. En clair, le mécanisme est véritablement protecteur uniquement en situation de crise, quand le prix du MWh dépasse les 110 euros. Ainsi le gouvernement peut appliquer une captation de 90% du montant supérieur au seuil de 110 euros.