Le gouvernement envisage de supprimer une prime compensatoire réservée aux agents de la fonction publique. Elle concerne les fonctionnaires mais aussi les contractuels.
Une prime créée il y a plus de 15 ans pour les employés des trois fonctions publiques (Etat, territoriale, hospitalière) pourrait bientôt disparaître. Si cette mesure venait à se concrétiser, les agents de la fonction publique pourraient perdre jusqu'à 2 000 euros par an.
Mise en place en 2008 par le gouvernement de Nicolas Sarkozy, cette prime compensatrice vise à protéger le pouvoir d'achat des agents de la fonction publique avec un principe simple : si le traitement indiciaire d'un agent public n'a pas suffisamment augmenté par rapport à l'inflation sur une période de quatre ans, une prime lui est versée pour combler la différence.
Cependant, le ministère de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l'action publique, dirigé par Guillaume Kasbarian, réfléchirait sérieusement à mettre fin à ce dispositif. Cette réflexion s'inscrirait dans un projet plus large de réforme de la fonction publique. Elle fait partie d'une des 10 mesures envisagées dans un agenda social envoyé aux syndicats le 11 octobre.

La prime, baptisée Garantie individuelle de pouvoir d'achat (Gipa), s'applique à tous les fonctionnaires et contractuels en CDI ou CDD, quelle que soit leur catégorie hiérarchique. Pour en bénéficier, le principal critère à respecter est d'avoir été rémunéré pendant au moins trois ans sur la période de référence de quatre ans.
Le calcul de la Gipa prend en compte l'indice majoré de l'agent, la valeur du point d'indice et le taux d'inflation sur la période concernée. Pour donner un ordre d'idée, la CFDT indiquait l'an dernier qu'un agent à temps complet avec un indice majoré de 514 pouvait percevoir une Gipa de 1 861,36 € pour l'année 2023.
Cette prime peut représenter un complément de revenu non négligeable, surtout dans un contexte où le pouvoir d'achat est mis à rude épreuve. D'autant plus que selon l'Insee, le salaire des agents de la fonction publique a régressé de 2,2% en 2022, en raison d'une inflation galopante.
Face à cette situation, les syndicats montent au créneau. Dans une lettre adressée à Guillaume Kasbarian, l'UNSA Fonction publique souligne que le point d'indice des salaires des agents "a été seulement revalorisé de 3,5 % au 1er juillet 2022 et 1,5 % en juillet 2023, en fort décalage avec l'inflation". L'organisme réclame également le maintien de la GIPA en 2024. La prime est habituellement versée une fois par an, en fin d'année, quand tous les éléments à prendre en compte pour le calcul sont connus.
Cette perspective soulève de nombreuses questions. Comment le gouvernement compte-t-il compenser cette perte de pouvoir d'achat pour les fonctionnaires ? Quelles autres mesures sont envisagées pour garantir l'attractivité des emplois publics ? En attendant des réponses, les agents de la fonction publique restent dans l'incertitude.