Ce comportement mal vu au travail permet d'augmenter son salaire
Dans le monde de l'entreprise, la façon de se comporter d'un salarié peut avoir des conséquences sur son niveau de salaire.
C'est un lieu de sociabilisation. Le monde de l'entreprise peut permettre aux salariés de se lier d'amitié avec des collègues, et même parfois de trouver l'amour. Mais il est aussi le théâtre de négociations et de luttes soumis à des rapports de force. Pour réussir à s'imposer dans ce milieu, il faut parfois faire preuve de caractère.
C'est en tout cas ce qu'a cherché à étudier une étude menée par trois chercheurs américains et publiée dans la revue Journal of Personality and Social Psychology. Les auteurs ont analysé les réponses collectées sur près de 20 ans auprès de 10 000 travailleurs à travers trois enquêtes différentes, notamment sur la perception de leur amabilité ainsi que de leur revenu. Les chercheurs ont également demandé à 460 étudiants d'université de participer à une étude. Leur mission : agir en tant que responsable des ressources humaines pour une société fictive, et d'après une description écrite évaluer quel consultant devrait être recruté. Le résultat à cette expérimentation est sans appel : les candidats masculins présentés comme agréables étaient moins susceptibles d'obtenir un poste.
Mais c'est surtout à propos de l'analyse des données que les enseignements sont les plus intéressants. En effet, le travail des universitaires laisse apparaître que les salariés désagréables gagnent plus que leurs collègues. Chez les hommes, ce phénomène se traduirait par une différence de salaire de 18%. Pour les femmes, l'écart serait moindre : les femmes les plus impolies empocheraient 5% de salaire de plus que leurs collègues les plus sympas.
Les auteurs de l'étude suggèrent notamment que les personnes désagréables gagnent plus, car elles négocient mieux leur salaire. Elles seraient également moins susceptibles de se faire licencier. Leur comportement serait plus "conforme aux attentes d'un comportement masculin". "D'un point de vue humaniste, il semble remarquablement injuste que les hommes aimables soient si lourdement pénalisés parce qu'ils ne se conforment pas aux normes de genres", écrivent les auteurs.
"Le problème est que de nombreux managers ne réalisent pas souvent qu'ils récompensent le fait d'être désagréable", explique Beth Livingston, co-auteure de l'article et professeure adjointe d'études en ressources humaines au Wall Street Journal. "Si vous êtes un homme désagréable, vous êtes considéré comme un négociateur coriace", analyse pour le journal de son université Timothy Judge, professeur de gestion. D'après lui, la perception pour les femmes est la suivante : "si elle est agréable, elle est exploitée, si elle est désagréable, elle est considérée comme une maniaque du contrôle ou elle est insultée".