Faut-il écrire "autant pour moi" ou "au temps pour moi" quand on admet s'être trompé ?
Elle se classe cinquième. Après le chinois, l'anglais, l'espagnol et l'arabe, le français est la langue la plus parlée au monde. En 2022, d'après l'organisation internationale de la francophonie, 321 millions de locuteurs à travers le monde sont capables de s'exprimer avec. Un chiffre en hausse de 7% en quatre ans. Pourtant avec ses règles et ses exceptions elle ne semble pas simple à apprendre. Son orthographe fait l'objet de nombreux débats entre spécialistes.
L'un d'entre eux semble cristalliser les passions plus que les autres. Quand une personne veut admettre une erreur doit-elle écrire "autant pour moi" ou "au temps pour moi" ? Pour l'Académie française, cela ne fait aucun doute, il faut écrire "au temps pour moi". Cette "expression familière" serait "issue du langage militaire, dans laquelle 'au temps !' se dit pour commander la reprise d'un mouvement depuis le début', définit l'institution sur son site. Elle ajoute que "l'origine n'étant plus comprise, la graphie 'Autant pour moi' est courante aujourd'hui, mais rien ne la justifie".
A noter que la graphie "au temps" est reprise par le site du dictionnaire Larousse, par le Projet voltaire et dans les manuels d'orthographe que nous avons consultés. Par ailleurs, l'expression "autant pour moi" est utilisée pour exprimer "la même chose ou quantité pour moi", comme dans la pièce de Corneille Don Sanche D'aragon : "Qu'il souffre autant pour moi que je souffre pour lui".
Mais le débat n'est pas si simple. En 2003, l'écrivain Claude Duneton, dans le Figaro littéraire, a choisi de remettre en question l'origine militaire de l'expression "au temps pour moi" en la qualifiant de "canular orthographique". Il invoquait, entre autres, le livre "Curiositez françoises" d'Antoine Oudin, un dictionnaire regroupant des locutions populaires publié en 1640, dans lequel est écrit l'expression : "Autant pour le brodeur" qui signifie " raillerie pour ne pas approuver ce que l'on dit ". Une position également défendue par le linguiste et lexicographe Alain Ray. Dans son "Dictionnaire d'expressions et locutions", l'expression familière "autant pour moi" est définie par "je me suis trompé", et "provient d'une confusion avec au temps, ordre militaire".
De son côté, le site Orthonet, développé par le conseil international de la langue française, penche pour une solution intermédiaire. Selon elle, cette façon d'écrire "autant pour moi" s'est "répandue" et "on peut considérer qu'aujourd'hui elle n'est plus fautive, et que les deux graphies sont acceptables". Sur son site, Le Grand Robert fait apparaître les deux orthographes avec une différence. Pour celle s'écrivant en deux mots, le dictionnaire ajoute en plus de sa définition d'admettre son erreur, "la nécessité de reprendre et reconsidérer les choses".
Au final, vous pourrez évoquer des spécialistes si vous préférez écrire "autant pour moi". Dans un cadre professionnel ou scolaire, si vous souhaitez éviter des remarques sur votre orthographe, vous devrez sans doute suivre la position de l'Académie française et opter pour "au temps pour moi".