Réinventer la collaboration à distance : plus d'humanité et moins de surveillance

Après une adoption massive du télétravail accélérée par la crise sanitaire, les entreprises s'interrogent aujourd'hui sur son avenir.

Entre volonté de retourner au bureau et nécessité de répondre aux nouvelles attentes des collaborateurs, les dirigeants sont confrontés à un défi stratégique majeur : concilier efficacité et flexibilité, tout en préservant la culture d’entreprise. 

Les outils de collaboration immersifs constituent une solution pour renforcer les liens humains même à distance. À condition qu’ils ne soient pas perçus, ni employés, comme une énième solution de surveillance. Comment trouver le bon équilibre entre plus d’humanité dans nos rapports au travail, sans immiscion excessive dans la vie privée ?  

Télétravail et surveillance, une inquiétude légitime des collaborateurs

Comme tout salarié, le télétravailleur à des droits mais aussi des devoirs. Pour assurer la continuité de la collaboration, sur site et à distance, les échanges réguliers en ligne sont essentiels. Mais cette connexion en continue via des plateformes de collaboration ou de visioconférence peut constituer un point de friction. Dans son livre « La visio m’a tuer », Alexandre des Isnards décrit même la pastille verte du statut « Disponible » comme « la pointeuse des cadres ». 

En effet, le fait d’être connecté continuellement peut être perçu comme de la surveillance, particulièrement dans le cadre de la visioconférence. Or, certaines organisations n’ont pas attendu ces outils pour espionner leurs salariés. Il existe depuis longtemps des logiciels espions, appelés bossware, utilisés par les entreprises pour collecter des données sur l’activité d’un travailleur et mesurer sa productivité. Ces logiciels peuvent être activés en « surveillance active » - ce qui signifie que le collaborateur a conscience d’être surveillé - ou de façon secrète, en « surveillance silencieuse », sans que le salarié n’en soit informé. Dans tous les cas, ce type de surveillance excessive n’a jamais amélioré l’efficacité. Au contraire, elle engendre pression, stress, désengagement et baisse du sentiment d’appartenance. 

Les plateformes de collaboration, comme les open-spaces virtuels, impliquent une connexion continue mais ne doivent jamais être un moyen supplémentaire de surveillance. L’intérêt de ces solutions étant simplement d’humaniser davantage les discussions à distance. Dès lors, le fait que les collaborateurs s’opposent à leur utilisation peut être une réponse à un mal-être ou à un mauvais usage. À terme, cette défiance peut nuire à la relation de travail. Si les dirigeants et managers veulent améliorer les relations entre les collaborateurs, ils doivent s’interroger sur les outils en place et les pratiques de management associées.

Le futur de la collaboration sera l’immersion

Les organisations justifient leur retour au bureau par le manque de proximité entre les collaborateurs sur site et en télétravail – d’autant plus si la caméra n’est jamais activée. Pour autant, au regard de l’incertitude qui domine actuellement au niveau géopolitique et économique, le télétravail demeure un levier essentiel pour la résilience des organisations. Si une crise survient, à l’image de la pandémie de 2020, la collaboration à distance s’impose pour que les équipes puissent assurer la continuité d’activité. Dans les administrations, c’est la continuité du service public qui est en jeu. 

C’est pourquoi améliorer la collaboration ne passera pas par la suppression totale du télétravail, mais bien par davantage d’humanité dans les échanges à distance. Mais cela implique la mise en place d’un cadre organisationnel plus transparent et respectueux de la vie privée. L’objectif étant de créer un climat de confiance dans les échanges, tout en assurant l’efficacité des équipes. 

Parce qu’être connecté continuellement ne signifie pas être en relation, il est important de privilégier les échanges qui ont de la valeur plutôt que de multiplier les réunions en ligne stériles. En cela, les progrès actuels en matière d’immersion dans la collaboration augmentent notamment la perception des communications non verbales et offrent des interactions plus qualitatives. Cette proximité nouvelle combine l’authenticité des échanges avec la flexibilité du distanciel et facilite les conversations plus informelles, qui font parfois défaut avec le travail hybride. Avec à la clé, une meilleure qualité de vie au travail et une réponse aux attentes des jeunes générations. La seule condition pour le succès de l’immersion reste de ne jamais tomber dans le piège du contrôle permanent. 

Les dirigeants face à un choix stratégique

Faut-il faire de la collaboration hybride un facteur d’épanouissement et de performance ou préférer le contrôle excessif du "statut vert" et le présentéisme au bureau ? Aujourd’hui, les nouvelles générations attendent plus de leur entreprise : plus de liberté, plus de reconnaissance et une forte concordance avec leurs propres valeurs. Vouloir contraindre les collaborateurs par des dispositifs intrusifs et une organisation trop rigide est une erreur qui coûtera cher en termes d’attractivité et de rétention des talents. 

Les dirigeants ont aujourd’hui le choix. Trois leviers peuvent les aider à maintenir le lien et la confiance dans la collaboration à distance. En premier lieu, des technologies de visiocollaboration conçues pour respecter la vie privée, avec des fonctionnalités limitant les intrusions inutiles et le floutage ou la personnalisation d’arrière-plan pour préserver l’environnement personnel. D’autre part, la mise en place d’un cadre organisationnel plus transparent, avec des horaires précis, une charte d’utilisation des outils collaboratifs mais aussi l’incitation aux temps de déconnexion. Enfin, la culture d’entreprise est le fondement de la performance de la collaboration, qu’elle soit hybride ou non. Ainsi, le succès du télétravail ne réside pas dans les outils, mais bien dans la posture managériale. Plutôt que de chercher à contrôler à distance à tout prix, les dirigeants doivent encourager la responsabilisation.

Les dirigeants peuvent conserver la possibilité du télétravail ponctuel tout en favorisant les liens sociaux et en renforçant l’engagement grâce à des espaces de collaboration virtuels immersifs. L’accompagnement, le cadre donné et la confiance limiteront la défiance et les refus des salariés de "se montrer".

L’avenir du travail repose sur une vision moderne, qui allie collaboration hybride et respect de la vie privée. L’immersion ne doit jamais être synonyme de surveillance mais doit apporter un peu plus d’humanité dans la collaboration et garantir sa performance. Dans le monde du travail actuel, il est possible d’allier productivité et qualité de vie au travail, sans jamais sacrifier la confiance qui lie les entreprises à leurs collaborateurs.