L'IoT, un allié pour la transition responsable de l'industrie logistique

Les objets connectés transforment la logistique.

Suivi en temps réel des marchandises, optimisation des flux, automatisation des entrepôts : l’Internet des objets (IoT) a permis des gains de performance considérables. Mais à l’heure où la responsabilité sociétale des entreprises n’est pas seulement une demande des clients mais aussi une exigence réglementaire, l’IoT s’avère être – sous quelques conditions – un allié précieux pour une industrie logistique plus responsable.

L’IoT, moteur d’optimisation et de transparence

Pendant des années, l’innovation technologique a été principalement perçue comme un levier de rentabilité et de rapidité. Les capteurs IoT permettent aujourd’hui d’optimiser les itinéraires, ajuster les stocks en temps réel et réduire les délais de livraison mais aussi respecter plus facilement les chaînes du froid et ainsi jeter moins de marchandise ou encore assurer la traçabilité permanente des biens. Ces avancées ont également apporté le bénéfice de limiter les trajets inutiles et donc d’améliorer l’efficacité énergétique du transport. Mais cette même technologie génère aussi des défis en matière de consommation énergétique et de gestion des données.

En effet, si l’IoT permet une meilleure gestion des ressources, son déploiement massif pose la question de son propre impact environnemental. Les capteurs, balises GPS et dispositifs RFID nécessitent des matériaux rares, une production énergivore et une gestion de fin de vie encore mal maîtrisée. À cela s’ajoute, en règle générale, la consommation électrique des infrastructures de communication et des centres de données qui traitent en continu ces flux d’informations. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les data centers et réseaux de communication représentaient environ 1 % de la consommation électrique mondiale en 2022 et cette part pourrait doubler d’ici 2030 si aucune régulation n’est mise en place. Autant de points de vigilances qu’il est important de prendre en compte par celui qui souhaite que l’IoT devienne un allié de la transition environnementale.

Faire de l’IoT un véritable allié

En effet, l’IoT peut devenir un levier clé pour une logistique circulaire. En facilitant le suivi des emballages réutilisables, en améliorant la traçabilité des matières recyclées et en optimisant les circuits de reverse logistics, la connectivité permet d’allonger le cycle de vie des produits et de limiter le gaspillage. Certaines entreprises intègrent désormais des capteurs intelligents dans leurs contenants pour surveiller leur utilisation et éviter les pertes. Une approche qui, couplée à des stratégies de réemploi, pourrait réduire significativement l’empreinte carbone de la chaîne d’approvisionnement.

Au-delà de l’optimisation des flux logistiques, la conception même des dispositifs électroniques doit évoluer pour répondre aux exigences de la RSE. L’intégration d’énergies renouvelables pour alimenter les capteurs IoT, comme l’énergie solaire ou les technologies de récupération d’énergie ambiante, représente une avancée majeure. Par ailleurs, la miniaturisation des composants permet de limiter l’utilisation de matières premières rares et de réduire l’impact environnemental de la production. Enfin, une réflexion sur l’éco-conception des objets connectés – en privilégiant des matériaux recyclables et des structures modulaires facilitant le démontage et la réutilisation – est essentielle pour inscrire l’IoT dans une logique d’économie circulaire.

Peut-on considérer l’IoT comme un allié pour la RSE dans la logistique ? La réponse dépend grandement du choix des solutions et de l’usage qui en est fait. Une connectivité mal pensée, reposant sur des dispositifs énergivores et une multiplication des équipements, risque d’accroître l’empreinte environnementale du secteur. À l’inverse, une utilisation stratégique et ciblée de l’IoT, intégrée à une démarche d’optimisation et de sobriété, peut devenir un levier puissant pour concilier performance économique et responsabilité écologique. Pour l’industrie logistique déjà concernée par les réglementations telles que la CSRD en Europe ou, bientôt, la norme chinoise CSDS, le défi des années à venir sera donc d’identifier et de choisir les technologies véritablement pensées dans une logique durable.