L'IoT déverrouille le pipeline de projets de Teréga Solutions

L'IoT déverrouille le pipeline de projets de Teréga Solutions Teréga Solutions, la filiale digitale du distributeur de gaz Teréga, développe de nouveaux services grâce à la technologie IoT, qui lui permet en même temps d'optimiser ses processus et de s'ouvrir sur l'écosystème.

La transition énergétique ne peut se faire sans outils digitaux. C'est cette conviction qui pousse la filiale digitale du transporteur et distributeur de gaz Teréga, Teréga Solutions, à plancher sur de nouveaux services. Son objectif est en effet de développer des solutions innovantes pour accompagner la transition énergétique de ses clients, que ce soit sa maison mère ou des entreprises comme le groupe Discovery, promoteur de voitures de tourisme électriques. Pour faire émerger ces services, Teréga Solutions a d'abord dû évoluer en interne. Le projet de transformation digitale de l'entreprise a débuté il y a huit ans par un passage dans le cloud. Teréga Solutions a collaboré avec AWS pour monter en compétences, maîtriser la donnée et faire émerger des services IT. La migration vers le cloud s'est achevée en 2023 et laisse place à l'IoT, avec deux projets phares.

Le boîtier Indabox a été déployés à 500 exemplaires depuis son lancement il y a plus d'un an. © Teréga Solutions

La première solution IoT qui a émergé chez Teréga Solutions est l'Indabox, un boîtier connecté aux automates industriels servant à récupérer leurs données. Cet IoT permet aux utilisateurs de visualiser en temps réel les informations des sites de production afin d'en optimiser la performance industrielle, l'efficacité énergétique et la rentabilité. Ce boîtier, relié aux équipements via des protocoles industriels (l'OPC-UA, le Modbus TCP, le S7 et l'EthIP), a été développé sur la base de la multitechnologie : pour communiquer ses données dans le cloud, il utilise Internet, l'ADSL, le satellite, LoRaWAN, la 4G ou encore la fibre. Breveté, l'Indabox se distingue par ailleurs par son système de sécurisation. "La sécurité est primordiale pour nous, surtout dans l'énergie, qui est un service critique. Elle est la base de toutes nos réflexions, tous nos projets sont à 100% sécurisés by design", garantit Thomas Delquie, CTO de l'entreprise. Plus de 500 boîtiers ont été déployés sur le marché depuis le lancement fin 2022.

Le second projet qu'a développé Teréga Solutions, IO-Base, est une plateforme IoT destinée à valoriser les données récoltées, notamment par le boîtier Indabox. Cela fait cinq ans que les équipes de Thomas Delquie travaillent à son essor. Elles se sont appuyées sur la base de données de séries chronologiques InfluxDB de l'entreprise InfluxData. "L'enjeu est de disposer d'un référentiel centralisé de données. Celles-ci doivent être disponibles et opérationnelles. Or, une difficulté persiste dans l'industrie : la donnée est cloisonnée au niveau de l'usine", souligne Thomas Delquie. C'est pour ouvrir et partager la donnée aux partenaires que la plateforme IoT se révèle un atout pour Teréga Solutions. L'expérience de ces deux projets ouvre la voie à de nouveaux développements IoT en 2024.

Vers un jumeau numérique des réseaux de gaz

Parmi eux, un projet IoT de suivi des protections cathodiques des équipements (qui réduisent la vitesse de corrosion du réseau métallique, ndlr) destiné aux gestionnaires de pipelines. Tout comme un projet d'analyse vibratoire, mené avec un partenaire, pour comprendre grâce à de l'intelligence artificielle ce qui se passe dans les canalisations. "L'IoT est un outil qui nous permet d'optimiser nos processus et de gagner en performance, par exemple en réduisant le nombre de déplacements sur le terrain", se réjouit Thomas Delquie.

"Nous suivons plus de 120 000 points de mesure le long du réseau"

Teréga Solutions travaille par ailleurs sur une solution de simulation des réseaux de gaz de tout type. Teréga détient 5 000 kilomètres de pipeline de gaz, équipé de capteurs, pour la pression notamment. Etablir un jumeau numérique permet de simuler les flux de gaz sur les territoires. "Selon leur provenance, ils ont des propriétés différentes. Or, on doit avoir une idée précise de leur pouvoir calorifique car c'est ce qui est facturé au client. Pour cela, on prélevait la donnée sur 50 000 points. Désormais, nous en suivons plus de 120 000 le long du réseau. Avoir plus de mesures et des données plus fréquentes, toutes les cinq secondes contre une minute auparavant, nous permet d'identifier des problèmes jusqu'alors invisibles", indique Thomas Delquie. Par exemple, des anomalies sur des points de livraison client. Le jumeau numérique est également utilisé dans la détection de fuites, en mettant en corrélation la valeur des capteurs avec celle simulée en situation normale. Un pilote aura lieu dans le courant de l'année.

Enfin, l'entreprise développe un outil de gestion EMS visant à partager la donnée énergétique au sein de projets smart grid multi-secteurs. "C'est l'IoT qui permet de déverrouiller le secteur de l'énergie. Dans un projet regroupant plusieurs acteurs et plusieurs énergies, au lieu de travailler chacun en silos, nous pouvons désormais réaliser une étude énergétique en vue d'échanges de flux et les suivre sur une plateforme commune. Par exemple, si un acteur doit fournir 50 mégawatts d'hydrogène pour un processus industriel et qu'il n'en a délivré que 40, il peut prévenir son partenaire d'une sous-production et permettre à ce dernier de s'adapter en conséquence."

Et les développements IoT n'en sont qu'au début de leur lancée. Teréga Solutions poursuit ses pistes de réflexions sur l'hydrogène. "L'IoT peut nous servir par ses capteurs de niveau. Mais surtout, la production d'hydrogène a besoin de beaucoup d'eau et émet de l'oxygène, la technologie pourrait contribuer à tracer et suivre ces intrants et utiliser l'oxygène pour d'autres processus industriels. C'est là où le suivi IoT et sa dynamique temps réel prend une part importante", envisage Thomas Delquie avant de conclure : "Dans le futur énergétique, il y aura une plus grande complexité, du fait d'un plus grand nombre d'acteurs sur l'équilibrage, la gestion et l'optimisation des réseaux multi-énergies, et cela va nécessiter plus d'échanges de données."