Code : comment Valeo multiplie sa productivité grâce à l'IA
Depuis quelques années, le spécialiste des systèmes embarqués dans les véhicules Valeo voit ses besoins en code exploser. "Aujourd'hui, nous assistons à deux phénomènes majeurs. Non seulement il y a plus de logiciels dans la voiture, mais ces logiciels peuvent désormais bénéficier de mises à jour continues au cours du cycle de vie du véhicule", explique Cédric Merlin, directeur de l'IA chez Valeo. Un boom de la brique software qui se traduit par une explosion du nombre de lignes de code produites chaque jour. En parallèle, les temps de développement d'un véhicule se sont considérablement raccourcis, passant de 4 à 2 ans. Résultat : un besoin croissant de code, toujours plus complexe et critique. "Faire un système autonome sans IA est devenu impossible", résume Cédric Merlin.
Pour faire face à cette tension croissante sur la production de code, Valeo a fait le choix de l'IA générative. Sur ses 9 000 ingénieurs systèmes et logiciels, près de 5 000 sont aujourd'hui équipés de Code Assist, un assistant de code basé sur Gemini de Google. Mais attention, pas question de remplacer les développeurs. "Nous avons besoin de moins de développeurs par quantité de code, mais comme nous avons besoin de plus de code en valeur absolue, nous conservons le même nombre de développeurs", précise Cédric Merlin. L'objectif est de les "augmenter", de leur permettre de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée comme la conception, la robustesse et la validation. L'IA n'est là que pour accélérer les cycles de développement, pas pour se substituer aux experts.
Réduire les cycles de développement
Au-delà de la simple génération de code, Valeo utilise l'IA générative comme un véritable assistant tout au long du processus de développement. "Nous avons mis en place des workflows semi-automatisés qui permettent de renforcer nos processus", explique le spécialiste IA de Valeo. Les agents d'IA interviennent à différentes étapes : génération de tests unitaires, revue de code, détection des anomalies potentielles. "Au-delà de raccourcir les cycles de mise à disposition, l'IA permet de produire du code en plus grand pourcentage tout en respectant les standards de sécurité et de qualité", assure Alexandre Caussignac, directeur technique de Google Cloud.
L'IA propose même des corrections automatiques que le développeur peut accepter ou rejeter. "L'objectif est de générer des tests et de converger plus rapidement sur les phases de validation ", détaille Cédric Merlin. Résultat : des cycles de développement plus courts, des codes plus robustes et une capacité à traiter des projets de plus en plus complexes, assure Valeo qui ne partage toutefois pas de KPI autour de ses gains grâce à l'IA.
Le langage bas niveau, un point noir
Pour alimenter sa stratégie de développement, Valeo ne mise pas uniquement sur Gemini. "Nous utilisons une palette de modèles", explique Cédric Merlin. Si Gemini reste le principal modèle pour la majorité des cas d'usage, l'équipementier s'appuie également dans d'autres domaines sur Claude, Llama et Mistral. L'objectif est de sélectionner systématiquement le modèle disponible sur Vertex AI le plus adapté.
Malgré ces capacités, Valeo se heurte à un défi majeur : le développement de code bas niveau, critique dans l'industrie automobile. "Les modèles génératifs sont beaucoup plus performants sur des langages comme Python, mais nettement moins sur du code embarqué très spécialisé", reconnaît Cédric Merlin. Pour contourner cette limite, Valeo travaille en étroite collaboration avec Google sur le fine-tuning de modèles. L'objectif est d'adapter Gemini aux spécificités du code automobile, en l'entraînant sur des corpus de code bas niveau propres à l'entreprise.
Enfin, en parallèle, Valeo dispose d'un partenariat privilégié avec Google Cloud pour tester en early preview les dernières technologies de la firme, notamment dans l'IA. "Quand on a accès à une technologie plus tôt, on peut rapidement faire corriger ce qui ne fonctionne pas et adapter la solution à nos besoins spécifiques", explique Cédric Merlin. Un positionnement qui offre un avantage concurrentiel certain.