Piloter l'IA quand on est rédacteur ou rédactrice web

Récemment contactée par un directeur de production, j'ai eu vent d'une évolution majeure dans le domaine de la rédaction web : l'IA, notamment ChatGPT, commence à supplanter les rédacteurs off-shore

Image générée par Dall-e à partir d'un prompt de Lucie Rondelet

Récemment, le directeur d’une grosse société de production de contenu m’a contactée : “Lucie, aurais-tu des profils de rédacteurs et rédactrices web qualifiés à me recommander ? Je t’explique : jusqu’à présent, nous faisions appel à des rédacteurs off-shore, mais aujourd’hui, ChatGPT produit de meilleurs contenus qu’eux. Du coup, je veux mettre mon budget dans le pilotage de l’IA et donc, payer de vrais rédacteurs web SEO pro pour piloter l’IA, relire les textes et gérer toutes les publications. Il m’en faut une trentaine.”

Voilà une bonne introduction, car elle est très explicite. Le métier de rédacteur web est en train de se transformer. 

Autrefois (c’est-à-dire, il y a moins de deux ans), le rédacteur devait seulement écrire. Son objectif était de plaire aux internautes, tout en réussissant à être suffisamment clair pour que les algorithmes des moteurs de recherche comprennent le thème principal de chaque article ou texte. Désormais, il doit faire preuve de créativité, d’originalité et de professionnalisme. Terminés les rédacteurs web improvisés, qui décident du jour au lendemain de créer leur boîte parce qu’ils savent écrire : les compétences en rédaction web SEO et en français sont plus que jamais nécessaires pour réussir dans ce métier.

Comprendre l’intelligence artificielle pour mieux la piloter

Quand on pense à l’IA en rédaction web, un mot nous vient immédiatement à l’esprit : ChatGPT. ChatGPT est le premier outil d’IA générative qui a fait le buzz et il est aussi certainement le plus utilisé aujourd’hui. Depuis, d’autres outils comme Perplexity, Claude ou encore Gemini ont vu le jour et fournissent des résultats intéressants.

Comprendre comment fonctionnent ces IA génératives permet de mieux les appréhender. 

Si je simplifie au maximum, ChatGPT est un outil mathématique qui utilise la probabilité. Combien de chances y a-t-il que telle lettre soit suivie de telle autre ? Quelles sont les probabilités qu’un mot soit suivi d’un autre ? Une phrase d'une d'autre phrase ? 

Vous avez tous et toutes certainement remarqué que lorsque vous commencez à taper une requête dans la barre de moteur de recherche de Google, l'outil vous propose des suggestions. 
Si je tape « comment les chats » dans Google, l’algorithme me propose ceci :

Source : capture d'écran d'une recherche Google.

Ces suggestions seront peut-être différentes chez vous d’ailleurs, en fonction de vos précédentes navigations. Ici, l'algorithme de Google se base sur les statistiques de recherches des internautes et tente de nous simplifier la vie en nous proposant les requêtes les plus probables. C'est à peu près la même chose avec ChatGPT. Des millions de textes ont été scannés et analysés pour créer l'outil. Ces analyses ont mis en avant des probabilités, lesquelles ont permis de tirer des conclusions visiblement très efficaces.

Ainsi, lorsque vous échangez avec ChatGPT, l’outil comprend le contexte grâce aux mots que vous utilisez et vous propose une réponse sous forme de texte, correspondant à une succession de mots les plus logiques (statistiquement), dans l’ordre le plus probable.

ChatGPT ayant été nourri de centaines de milliers de pages web écrites par des rédacteurs qui utilisaient de nombreux mots de transition, il réplique le style… D’où l’abondance de “cependant”, “toutefois”, “par ailleurs”.

De la même manière, nous allons souvent retrouver le fameux “je vous partage” (qui est une faute de français, sauf si vous avez prévu de couper quelqu’un en deux) ou encore “explorons tout de suite ensemble” (qui personnellement, me sort par les yeux !) ????.

Une fois que vous avez bien ce système en tête, il devient plus facile de se démarquer dans la création de texte, même en utilisant l’IA.

Écriture par l’IA versus écriture pilotée par l’IA

Il est aujourd’hui possible de créer du contenu à l’infini avec l’intelligence artificielle. Vous pouvez par exemple décider de créer un blog et de l’alimenter à 100 % par IA. Demandez à ChatGPT de vous écrire un article sur les bienfaits du vélo elliptique, il vous pondra un article de blog en quelques secondes et vous pourrez le publier en créant un lien vers votre page de vente de vélo elliptique.

Ce genre de pratique pose plusieurs problèmes.

1 - Votre contenu n’apportera rien de nouveau au Web, il ne sera qu’un pauvre recyclage de l’existant.

2 - Tout le monde peut faire la même chose, donc si vos concurrents utilisent la même “astuces”, le Web comptera des dizaines voire des centaines d’articles sur les bienfaits du vélo elliptique qui disent la même chose, avec des formulations différentes.

3 - Vous ne mettrez pas en avant vos propres conseils et astuces, les textes seront fades et n’auront pas de patte (si ce n’est celle de ChatGPT).

4 - Au niveau SEO, ce sera le néant, car votre contenu sera concurrencé par quelques vrais bons articles sur le sujet.

En fin de compte, vous ne ferez que polluer le Web (et la planète) avec du recyclage de contenu existant, vous ne mettrez en ligne que des reformulations inutiles qui ne vous permettront même pas de gagner en crédibilité, au contraire. 
Oui, c’est violent, mais c’est une réalité qu’il faut accepter.

Ça, c’est si vous décidez de confier la rédaction de tous vos contenus à ChatGPT, sans relecture ni pilotage.

Imaginons maintenant que vous fassiez appel à un rédacteur ou une rédactrice web SEO expérimenté•e•s. Cette fois, les résultats seront bien différents. Le professionnel cherchera des requêtes intéressantes à travailler à partir de l’analyse de votre site, vos produits à promouvoir et la concurrence. Il  définira un planning éditorial et travaillera sur les structures d’articles. À partir de ces recherches, il pourra s’appuyer sur l’IA pour brainstormer, ajuster sa stratégie et trouver de nouvelles idées. Ensuite, des prompts et autres consignes (parfois vocales) seront donnés à l’IA pour la rédaction de textes authentiques, alimentés par des sources choisies par le rédacteur, appuyées par des astuces et anecdotes provenant de l’entreprise.

Le rédacteur peut choisir de commencer à rédiger, puis de s’aider de l’IA pour revoir son texte, ou bien il peut rédiger un premier jet avec l’IA et faire des retouches pour y apporter de la créativité, de la nouveauté et une touche d’humanité.

Je recommande de toujours commencer par écrire un premier jet “à la main”, avec notre cerveau humain, puis de brainstormer avec l’IA ; cela permet d’obtenir des textes beaucoup plus authentiques que lorsqu’on propose à l’IA de commencer à rédiger.

Le pilotage de l’IA en rédaction web SEO ne peut se faire qu’à partir de connaissances et compétences réelles en la matière. On peut comparer cela à la photographie : s’il est possible aujourd’hui de prendre de jolies photos facilement avec des smartphones et de les retoucher en moins d’une seconde, cela ne remplace pas le savoir-faire, les connaissances techniques et artistiques d’un•e photographe professionnel. 

On ne peut piloter qu’à partir de ce que l’on a appris en amont. L’idée est d’appliquer des connaissances en rédaction web SEO et marketing et de les mettre à profit tout en se faisant aider par un assistant virtuel : une intelligence artificielle générative.

Piloter l’IA nécessite de comprendre comment elle fonctionne, d’en connaître les avantages et les inconvénients. Par-dessus tout, il faut garder en tête le fait que l’humain apporte l’expérience, l’émotion et une forme de connexion entre les esprits. 

C’est cette connexion entre consciences qui permet de créer le lien indispensable entre une entreprise et un consommateur.

Par les mots, les rédacteurs et rédactrices web sont au service des entreprises qui veulent conserver ce lien.