Un marché immense et un contexte favorable : l'âge d'or des fintechs du financement BtoB
Le financement BtoB, en voilà un secteur de la fintech française qui ne connaît pas la crise. Qu'elles soient expertes de l'affacturage, de l'affacturage inversé, du revenue based financing ou du crédit express, les fintechs qui proposent des solutions de financement à destination des TPE/PME ont la cote auprès des investisseurs. A l'image de Defacto (10 millions d'euros levés en novembre 2023), Aria (15 millions d'euros en décembre 2023), Hero (11,3 millions d'euros en juin 2024) ou encore Karmen (9 millions d'euros en janvier 2025), les levées de fonds de ces jeunes pousses se sont multipliées ces derniers mois. De quoi donner l'impression d'un secteur déjà encombré ?
Selon France FinTech, on compte 51 start-up spécialisées dans le financement des TPE/PME. Celles-ci ont profité d'un espace laissé vacant par les banques traditionnelles, moins présentes sur ce segment de clientèle : "Les TPE/PME ont besoin de financements ponctuels et les banques ne font pas vraiment de petits financements car ce ne serait pas rentable pour elles. Il y avait un vrai besoin d'innovation", estime Gabriel Thierry, CEO de Karmen.
51 vs 4 millions
Contrairement aux banques, ces jeunes pousses peuvent se passer de l'agrément établissement de crédit dont l'obtention est très compliquée : "Elles ont recours à plusieurs techniques pour éviter cet agrément comme le crédit causé ou le SPV (special purpose vehicule, une structure juridique construite en vue d'un objectif précis, ndlr)", explique Alain Clot, président de France FinTech.
Même si les spécialistes du financement BtoB sont de plus en plus nombreux, comme l'atteste l'arrivée du petit nouveau Wavo lancé en septembre 2024, les investisseurs gardent un appétit certain pour ce type d'acteur et ne sont pas effrayés par la concurrence. "On a investi dans Defacto pour deux raisons : la qualité de l'équipe et la profondeur du marché", confie Jonathan Userovici, general partner pour le fonds d'investissement Headline. "Si la finalité est la même, tous ne proposent pas le même type de solution. Il existe notamment des différences dans la durée du financement. Surtout, il n'y a pas tant d'acteurs par rapport à l'immensité du marché". En effet, selon l'Insee, la France compte un peu plus de 4 millions de TPE/PME. Le gâteau parait assez gros pour être partagé entre les 51 fintechs présentes sur ce marché.
"C'est vraiment une mécanique bien huilée"
Pour étendre leur capacité de financement, ces dernières sollicitent des fonds d'investissement pour obtenir des levées de fonds en dette. Ce fut notamment le cas d'Aria qui a contracté un emprunt de 50 millions d'euros en mars 2023 ou de Karmen qui a obtenu le double en juin 2024. "La baignoire se remplit et se vide sans cesse. C'est vraiment une mécanique bien huilée", analyse Alain Clot.
Si le secteur a le vent dans le dos, c'est aussi parce qu'il profite d'un double contexte favorable : une incertitude macroéconomique importante et une règlementation propice. "Avec le contexte économique qu'on traverse, les entreprises ont des réels besoins de liquidités", résume Gabriel Thierry. Concernant la règlementation, "la réforme sur la facturation électronique et l'open banking permettent d'accéder facilement à des données utiles pour calculer le niveau de risque d'un client", rappelle Alain Clot. Dernière preuve en date du dynamisme de ces spécialistes du financement BtoB, Defacto, sans doute le plus connu d'entre eux, a annoncé fin mars qu'il porterait à 1,8 milliard d'euros sa capacité de financement pour la trésorerie des entreprises du secteur de la Défense. Tiens, encore un vent porteur.