Taxe sur les billets d'avion : voyager coûtera plus cher en 2025
L'augmentation de la taxe sur les billets d'avion, appelée "taxe Chirac", est de nouveau au centre des discussions. Soutenue par le gouvernement pour des raisons fiscales et écologiques, cette mesure suscite l'opposition des compagnies aériennes et des acteurs économiques.
Une mesure aux ambitions fiscales et écologiques
La taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA), instaurée en 2006 et parfois appelée "taxe Chirac", vise à financer des projets de santé mondiale tout en servant aujourd'hui d'instrument pour encourager une transition écologique.
La nouvelle ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, s'est dite favorable à une augmentation significative de cette taxe, jugée nécessaire pour des raisons de "justice fiscale et écologique". Selon ses déclarations au Parisien, les 20% des Français les plus riches sont responsables de la majorité des dépenses en transport aérien, justifiant ainsi un ciblage fiscal sur ce mode de transport.
Dans le projet actuel, les recettes annuelles générées par cette taxe passeraient de 500 millions d'euros à environ un milliard d'euros. Les hausses prévues varient en fonction de la distance et de la classe de voyage :
- Vols domestiques et européens (classe éco) : de 2,63 € à 9,50 €.
- Vols domestiques et européens (classe business) : de 20,27 € à 30 €.
- Vols de moins de 5 500 km (classe éco) : de 7,51 € à 15 €.
- Vols de moins de 5 500 km (classe business) : de 63,07 € à 80 €.
- Vols de plus de 5 500 km (classe éco) : de 7,51 € à 40 €.
- Vols de plus de 5 500 km (classe business) : de 63,07 € à 120 €.
Ces augmentations, bien qu'importantes, restent faibles en proportion pour les classes premium, mais elles pourraient alourdir considérablement la facture des voyageurs réguliers sur des trajets courts ou économiques.
Une opposition forte des compagnies aériennes
La mesure a immédiatement suscité de vives réactions de la part du secteur aérien. Ryanair, premier transporteur européen, a menacé de réduire sa présence en France de 50% si la hausse venait à être confirmée. D'autres compagnies comme Air France ou Fly Emirates s'inquiètent des répercussions pour leur compétitivité face aux aéroports étrangers. Certains transporteurs envisagent même de privilégier d'autres hubs européens pour contourner cette taxation accrue.
Les organisations professionnelles, comme la FNAM (Fédération Nationale de l'Aviation Marchande) et le SCARA (Syndicat des Compagnies Aériennes Autonomes), dénoncent une mesure qu'elles jugent discriminatoire et préjudiciable à l'économie, d'après Tourmag. Elles rappellent également que le secteur aérien doit déjà faire face à d'autres contraintes économiques, notamment les coûts croissants liés aux quotas d'émissions de CO₂ (SEQE-UE) et au régime CORSIA, imposant des investissements massifs pour réduire l'empreinte carbone des avions.
Un impact économique et logistique encore incertain
Outre l'impact sur les prix des billets, les experts alertent sur les conséquences pour l'économie française. Le secteur aérien, moteur de l'attractivité touristique et commerciale, pourrait être ralenti par cette augmentation de taxe. Les acteurs économiques craignent également un effet domino : une baisse de la demande pourrait entraîner des suppressions de lignes jugées peu rentables, notamment vers des régions excentrées ou des destinations ultramarines.
Par ailleurs, certaines compagnies avaient anticipé cette hausse dès 2024 en répercutant les coûts sur les passagers, avant de devoir rembourser ces montants après l'abandon temporaire de la mesure. Si la taxe est réinstaurée, il faudra recalculer les barèmes ou refacturer les montants déjà remboursés, ce qui complique davantage la gestion financière et logistique pour les transporteurs.