Electrosensibilité : légende ou réalité ?

Depuis l'apparition du micro-onde et de la téléphonie mobile, les débats aux sujets des ondes électromagnétiques font rage. Les personnes se revendiquant comme électrosensibles font face à un scepticisme parfois difficile à vivre. Qu'en est-il réellement ?

L'arrivée de la 5G dans nos villes ouvre de nouveau le débat sur les ondes électromagnétiques et leurs potentiels effets sur la santé. Débat cependant peu audible tant les différents camps peuvent faire preuve de véhémence.

Mais alors, finalement, l’électrosensibilité est-elle bien réelle ?

Point sur les dangers des ondes

Tout d’abord, il est important de rappeler que les ondes sont soupçonnées d’effets néfastes sur divers aspects de notre santé : bien-être, cancer, fertilité, grossesse… Pour autant, les recherches effectuées sur chacune de ces thématiques ne sont pas forcément concluantes.

Des études retrouvent des effets néfastes des ondes, d’autres non. Même l’étude Interphone, qui était pourtant très attendue, n’a pu réellement tirer de conclusions.

En matière d’ondes et de santé, on ne sait pas. Comme le souligne l’équipe du Pr. Miller, nous manquons encore d’études solides, de connaissances et de méthodes pour analyser complètement le phénomène et en tirer des conclusions.

À l’heure actuelle, le débat n’a en fait pas réellement lieu d’être puisqu’il est impossible de conclure sur le danger des ondes. Nous ne pouvons pas dire avec certitude qu’elles sont sans effet, ni qu’elles sont dangereuses.

Mais alors, que penser des personnes se revendiquant électrosensibles ?

Qu’est-ce que l’électrosensibilité ?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) emploi le terme d’hypersensibilité électromagnétique (HSEM) plutôt qu’électrosensibilité. La HSEM correspond donc à des symptômes dit non spécifiques (c’est-à-dire qu’ils ne sont pas caractéristiques d’une pathologie en particulier) que les personnes touchées associent à une exposition aux champs électromagnétiques.

La prévalence de cette hypersensibilité est différente selon les pays mais semblerait osciller entre 1,5% et 5% de la population (étude Stat). Les symptômes les plus fréquemment rapportés sont des migraines, des picotements, des rougeurs, de la fatigue et des troubles du sommeil, entre autres.

Si les liens réels entre exposition aux ondes électromagnétiques et apparitions de symptômes sont encore délicats à établir, la souffrance des patients n’est quant à elle pas à remettre en cause. L’OMS recommande d’ailleurs aux médecins de prendre en considération ces troubles et d’y apporter dans la mesure du possible des traitements symptomatiques.

L’électrosensibilité est donc bel et bien réelle : peu importe la cause sous-jacente, la souffrance des individus touchés repose sur une réalité biologique avérée.

Les origines de l'électrosensibilité

Le Dr. Dieudonné s’est intéressé aux différentes causes qui pourraient expliquer l’électrosensibilité.

Tout d’abord, la cause la plus évidente (et revendiquée par les électrosensibles, en toute logique), est celle d’un effet négatif réel des ondes électromagnétiques. Cette hypothèse est toutefois difficilement appuyée par les expériences menées en la matière : les symptômes apparaissent chez les électrosensibles avec l’impression d’être exposés aux ondes plus qu’avec une exposition réelle, selon les différentes études de provocation à l’aveugle menées sur le sujet. Nous n'avons toujours pas pu prouver à l'heure actuelle si oui ou non les humains pouvaient ressentir les champs électromagnétiques. Mais ce n’est pas pour autant que cette théorie est à exclure. Simplement, nous n’avons pas de preuves.

La deuxième serait celle d’un effet nocebo. L’effet nocebo est l’antagoniste de l’effet placebo : convaincus d’être exposés à quelque chose de néfaste, nous commençons à ressentir des symptômes qui sont en réalité générés par notre corps lui- même. L’effet nocebo n’est en aucun cas à négliger car le circuit des signes ressentis est une réalité biologique. La douleur, par exemple, passe par les mêmes mécanismes biologiques qu’une douleur liée à une migraine aux causes "palpables". La souffrance ressentie est donc parfaitement réelle. Tant bien même l’électrosensibilité serait donc un effet nocebo, elle n’en demeure pas moins une pathologie sérieuse. Mais cette hypothèse est également contestée car pour générer un effet nocebo il faut au départ une suggestion des effets indésirables attendus. Or, dans le cas des ondes électromagnétiques, le traitement des médias sur le sujet n’est pas cohérent avec l’augmentation du nombre d’électrosensibles.

Enfin, la dernière hypothèse avancée par le chercheur serait celle d’une attribution de symptômes. Les personnes électrosensibles pourraient (pour certains tout du moins) ressentir les symptômes rapportés depuis un certain temps. Ne trouvant de cause à ces souffrances invalidantes, l’attribution aux ondes électromagnétiques apporte du sens à la pathologie de l’individu. Les électrosensibles ne se sentiraient alors pas malades lorsqu’ils sont exposés mais plutôt exposés lorsqu’ils sont malades. Là encore, cette hypothèse justifie difficilement à elle seule le phénomène, notamment par le manque de données qualitatives à ce sujet.

Les causes de l’électrosensibilité ou hypersensibilité électromagnétique sont donc encore méconnues. Les souffrances des individus se revendiquant comme électrosensibles sont toutefois à prendre en considération avec le plus grand des sérieux car, quel qu’en soit la cause, une écoute bienveillante est à minima nécessaire devant la réalité des symptômes présentés.