35 millions d'euros pour un DG évincé : le cas Tavares crispe Stellantis
Le montant des indemnités versées à Carlos Tavares, ex-directeur général de Stellantis, suscite une vague de critiques alors que le groupe a connu une forte baisse de ses résultats en 2024.
Une rémunération sous le feu des critiques
Carlos Tavares, poussé vers la sortie en décembre 2024, doit percevoir plus de 35 millions d'euros, dont 23,1 millions au titre de l'année, 2 millions d'indemnité de départ et environ 10 millions de prime d'objectifs, notamment pour le lancement d'une plateforme de production de véhicules électriques. Une seconde prime, également de 10 millions, lui a été refusée. Ces éléments sont détaillés par France Info, qui note aussi que la rémunération a été calculée sur 12 mois alors que Carlos Tavares n'a pas travaillé en décembre.
En parallèle, Stellantis a vu son bénéfice net chuter de 70%, à 5,5 milliards d'euros, et son chiffre d'affaires reculer de 17%. Le salaire moyen des 259 000 salariés a également diminué, à 65 993 euros, tandis que la rémunération de Carlos Tavares équivaut à 350 fois ce montant, d'après La Nouvelle République.
Ce 15 avril, les actionnaires ont été appelés à voter à Amsterdam sur cette politique de rémunération, dans le cadre d'un vote consultatif. Déjà contestée à 52% en 2022, 48% en 2023 et 30% en 2024, cette politique reste appliquée par le conseil d'administration.
Plusieurs acteurs institutionnels se sont opposés à cette décision. Le gestionnaire d'actifs Allianz Global Investors a déclaré : "Le package de rémunération de 23,1 millions d'euros proposé pour l'ancien directeur général dans le rapport de rémunération semble excessivement généreux, en particulier compte tenu des performances opérationnelles médiocres et des circonstances entourant la démission forcée", cité par Libération.
Tensions sociales et réserves politiques
La rémunération de Carlos Tavares est mal perçue en interne, notamment à l'usine Stellantis de Poissy. "Même sur une vie complète, on n'aura jamais cette somme", a réagi Vincent, salarié depuis vingt ans. Plusieurs employés ont dénoncé l'absence de primes d'intéressement et la perspective de fermeture du site en 2028. Des appels à la grève ont été lancés pour exiger des garanties.
Marc Ferracci, ministre de l'Industrie, a estimé qu'un "principe de modération" devait s'appliquer, tout en rappelant que "ce n'est pas fondamentalement à l'État de déterminer le niveau des rémunérations".
Le cabinet Proxinvest a recommandé aux actionnaires de voter contre. Son directeur général Charles Pinel a jugé "non recevable" le versement d'un tel montant à un dirigeant démissionnaire, et souligné que "la rémunération d'un dirigeant doit être en adéquation avec la performance de l'entreprise".
Dans une lettre adressée aux actionnaires, Wan Ling Martello, présidente du comité de rémunération, a reconnu l'existence "d'opportunités d'améliorer l'alignement avec les attentes des investisseurs", tout en affirmant qu'il est nécessaire "d'attirer et de retenir des talents de classe mondiale".