30 milliards de billets de banque vont être broyés et incinérés pour produire de l'énergie

30 milliards de billets de banque vont être broyés et incinérés pour produire de l'énergie Les coupures que vous avez dans votre portefeuille ne sont pas immortelles : la Banque centrale européenne a scellé leur destin, elles finiront en cendres.

29,8 milliards de billets de banque circulent dans la zone euro, pour une valeur de 1572 milliards d'euros, d'après des chiffres de la Banque de France. Dans l'hexagone, les paiements en espèces ont encore représenté 43% des transactions en 2024. Autrement dit, ces petits bouts de papiers colorés qui passent quotidiennement entre nos mains ont encore beaucoup de valeur à nos yeux. Pourtant, ils finiront littéralement en fumée et en cendres. On vous explique.

La Banque centrale européenne, qui émet la monnaie unique de la zone euro, a annoncé le lancement d'un processus de création d'une nouvelle série de billets : la première avait été mise en circulation en 2002, la seconde à partir de 2013. En ce qui concerne cette troisième gamme, un concours de graphisme aura lieu en 2025 pour définir les illustrations qui orneront chaque nouvelle coupure.

Qu'adviendra-t-il de celles que nous utilisons actuellement une fois que les nouvelles feront leur arrivée ? Ce qu'il advient déjà de toutes les devises que l'on retire du circuit lorsqu'elles sont abîmés : à l'échelle nationale, la Banque de France est chargée du contrôle de la qualité de la monnaie. Les billets sont donc régulièrement triés et ceux qui sont endommagés sont mis de côté pour être broyés. Il y a encore quelques années, les broyats étaient ensuite enfouis. Mais désormais, un autre destin leur est réservé.

"Depuis fin 2022, et c'était une consigne de la BCE, on incinère les billets broyés avec valorisation énergétique", confirme Isabelle Valdés-Curien, économiste spécialiste de la monnaie fiduciaire à la Banque de France. L'institution confie ainsi à plusieurs entreprises, réparties sur le territoire français, le soin de brûler les devises pour utiliser la chaleur issue de leur combustion. Les autres pays de la zone euro font de même.

"Les billets qu'on broie en temps normal sont ceux qui sont dits impropres à la circulation : ils sont trop abîmés, trop vieux, on ne peut pas les remettre en circulation, on les sort du circuit", précise la spécialiste. Mais lorsque la BCE décide de renouveler les devises, les choses sont un peu différentes.

"Quand on se lance dans une nouvelle gamme de billets, il y a un enjeu de remplacement. Avec la deuxième gamme de billets, qu'on utilise actuellement, on avait remplacé les billets petit à petit sur une période de quelques années, entre 2013 et 2019 essentiellement", raconte Isabelle Valdés-Curien. Les anciennes coupures de cinq euros avaient été les premières à être progressivement retirées, à partir de 2014, suivies de celles de dix euros, et ainsi de suite.

Quant à la troisième gamme en préparation, le calendrier de sa diffusion n'est pas encore connu. Mais la méthode devrait être la même : les billets que nous utilisons aujourd'hui seront peu à peu retirés, quel que soit leur état, puis broyés et incinérés dans plusieurs usines de France. En parallèle, de nouveaux motifs fleuriront sur les comptoirs et dans nos porte-monnaie : pour l'heure, les deux thèmes retenus pour les futures illustrations sont "La culture européenne : un héritage commun" et "Fleuves et oiseaux : force et diversité" .