Risque cyber et risque de crédit : un angle mort qui menace les banques (et leurs clients)

Les banques intègrent les critères ESG dans l'octroi de crédit à leurs clients, mais le risque cyber reste un angle mort. Alors, comment les aider à intégrer ce risque si particulier à leurs processus

Le risque cyber, un risque économique pour les banques 

Les banques ont toujours été précurseurs lorsqu’il s’agit d’évaluer et d’anticiper les risques qui pèsent sur l’économie et l’avenir de leurs clients. Pourtant, si les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) se sont progressivement intégrés aux critères d’octroi de crédit, le risque cyber reste lui globalement peu pris en compte dans les parcours crédit. 

Les banques sont pourtant parmi les mieux placées pour savoir que les cyberattaques peuvent fragiliser voire faire disparaître des entreprises, générant de fait un risque pour leurs créanciers. Mais elles doivent composer avec plusieurs défis : 

  • Une maturité cyber très hétérogène entre les PME, les ETI et les grands groupes, rendant difficile une approche standardisée. 
  • Un risque d’incompréhension ou de friction si les clients perçoivent une nouvelle exigence comme un frein à l’accès aux produits bancaires. 
  • Un sujet technique et évolutif, qui nécessite de la formation et des outils adaptés pour être véritablement exploitable dans les décisions de financement. 

Si le risque de « mort lente » induite par une prise en compte des critères ESG est aujourd’hui intégré à l’évaluation des entreprises souhaitant être financées, le risque cyber ne devrait-il pas rapidement être intégré à son tour ? Comment alors y parvenir de manière pragmatique, sans complexifier les parcours et en créant de la valeur pour les entreprises ? 

Intégrer le risque cyber dans l’évaluation du risque de crédit d’un client ou prospect : une nécessité, mais aussi une opportunité 

Une cyberattaque peut engendrer des pertes financières multiples et échelonnées dans le temps, allant du manque à gagner immédiat causé par l’arrêt ou le ralentissement de l’activité aux coûts techniques liés à l’investigation et à la remédiation. Elle peut également ternir l’image de l’entreprise, nécessitant des investissements en communication et relations publiques pour restaurer la confiance des clients et partenaires. Enfin, la valeur financière de l’entreprise peut être durablement affectée, avec une possible hausse des coûts de production, une réduction de la confiance de ses partenaires et clients, et une potentielle incapacité à générer de la valeur sur une période plus ou moins longue. 

En l’espace de quelques mois, une entreprise peut donc connaître une défaillance économique majeure : c’est un risque de « mort subite ». 

Dans ce contexte, les banques ont tout intérêt à mieux intégrer le cyber-risque dans leur évaluation du crédit. Mais cette démarche peut aussi être une opportunité pour elles : 

  • Différenciation et diversification des revenus. En aidant leurs clients à évaluer et à améliorer leur posture cyber, les banques peuvent proposer des services à valeur ajoutée, comme des offres d’accompagnement, des solutions d’assurance ou des financements ciblés pour la cybersécurité. 
     
  •  Confiance & relation client. Plutôt que d’être perçu comme une contrainte, l’accompagnement des entreprises sur la réduction du risque cyber peut devenir un levier de confiance. Une banque qui aide ses clients à se protéger contre les cyberattaques s’inscrit dans une approche de conseil sur le long terme. 
     
  • Une approche plus fluide et moins intrusive. L'enjeu est de pouvoir évaluer ces entreprises sans complexifier le parcours client, l'utilisation d'outils autonomes permettant d'évaluer le risque de façon simple et de rendre exploitables les résultats dans la prise de décision. 

Faciliter l’intégration du risque cyber dans le parcours crédit : des solutions existent 

La cybersécurité peut être un sujet intimidant du fait de sa complexité, sa technicité et son évolutivité. Il serait peu réaliste d’attendre des chargés d’affaires des banques qu’ils deviennent experts en cybersécurité. Pour autant, traduire le risque cyber en indicateurs financiers clairs permet d’établir un langage commun.  

L'intégration du risque cyber dans le parcours d’octroi de crédit ne pourra se faire que si les conditions suivantes sont réunies : 

  • Simplicité et accessibilité : proposer une évaluation rapide et sans jargon technique. 
  • Fiabilité financière : transformer un risque technique en impact économique concret. 
  • Adaptabilité : prendre en compte la diversité des entreprises et des niveaux de maturité. 

Comme pour les critères ESG, l’enjeu est d’intégrer progressivement ces éléments dans l’évaluation du risque, en construisant une approche équilibrée entre protection et opportunité. 

Un enjeu stratégique pour les banques et l’économie 

L’intégration du risque cyber dans l’évaluation d’octroi de crédit n’est pas seulement une nécessité pour protéger les banques contre les défauts de paiement liés aux cyberattaques. C’est aussi un levier de compétitivité et de résilience pour l’ensemble du tissu économique. 

Pour les banques : une meilleure anticipation des risques, une relation client renforcée et des opportunités de diversification. 

Pour les entreprises : un accompagnement sur un risque majeur, souvent sous-estimé, qui participera à leur résilience et leur croissance. 

Les banques ont déjà su s’adapter aux nouvelles attentes en matière de finance durable. Faire du risque cyber un critère clé du financement est la prochaine étape. Et celles qui prendront ce virage dès aujourd’hui, sans attendre l’intervention concrète du régulateur, en feront un véritable avantage stratégique.