Fraude publicitaire dopée à l'IA : les CMO en première ligne
La lutte contre la fraude publicitaire est devenue un impératif pour les CMO.
Bien que les régies publicitaires et les plateformes d'optimisation d'achat publicitaire (DSP) déploient des garanties anti-fraude. Malgré les assurances données, la réalité est bien souvent moins édulcorée. Bon nombre d’entreprises se retrouvent à faire face à des pertes financières significatives dues à la sophistication croissante des méthodes de fraude, qui parviennent à contourner les systèmes de détection conventionnels.
La fraude publicitaire a subi une métamorphose importante au fil des années, évoluant bien au-delà de la simple fraude aux impressions et aux clics. Aujourd'hui, les fraudeurs déploient des stratégies de plus en plus élaborées, impliquant des téléchargements fictifs d'applications et la génération de faux leads. Cette escalade dans la sophistication des tactiques de fraude pose des défis considérables pour les entreprises, en particulier pour les CMO, avec à la clé des pertes financières substantielles et un risque de dommage réputationnel.
De fait, les fraudeurs modernes ont franchi une nouvelle étape dans leur quête pour tromper les professionnels du marketing en déployant des bots sophistiqués qui tirent parti de l'intelligence artificielle pour imiter de manière réaliste le comportement humain. Ces robots, opérant souvent à partir d'adresses IP résidentielles les rendant d'autant plus difficiles à détecter, représentent une menace redoutable.
Des répercussions financières majeures
Une détection inefficace et un blocage insuffisant de la fraude publicitaire peuvent entraîner des conséquences financières désastreuses pour les annonceurs. En l'espace de quelques minutes seulement, les clics et les engagements frauduleux peuvent s'accumuler, épuisant rapidement les budgets marketing. Selon une étude de Juniper Research, pas moins de 22 % des dépenses publicitaires en ligne ont été perdues en raison de la fraude publicitaire en 2023. Ces pertes devraient même dépasser les 170 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.
Dans le cadre d'une récente campagne publicitaire menée par l'un de nos clients, nous avons fait une découverte alarmante. Un volume considérable de fraude était passé inaperçu, malgré l'utilisation de plateformes publicitaires renommées. Les résultats sont surprenants : plus d'un tiers, soit 35 %, du trafic publicitaire généré était en réalité constitué de bots frauduleux. Cette révélation souligne la nécessité urgente pour les annonceurs de renforcer leurs stratégies de détection et de prévention de la fraude publicitaire afin de protéger leurs investissements et d'optimiser l'efficacité de leurs campagnes.
Alors que les spécialistes du marketing tirent déjà parti de l'IA pour optimiser l'efficacité de leurs campagnes, il est désormais indispensable d'utiliser cette technologie pour combattre la fraude publicitaire. Il faut cependant reconnaître que les avancées dans le domaine de l'IA profitent également aux fraudeurs, ce qui accroît considérablement la complexité de cette lutte.
Quelques pistes pour s'armer
En tant que CMO, prendre du recul est essentiel pour aborder de manière efficace les enjeux complexes associés à la fraude publicitaire :
● Interroger l'indépendance des outils : Il est crucial de remettre en question l'indépendance des outils de lutte contre la fraude publicitaire, souvent étroitement liés aux plateformes publicitaires.
● Analyser les données de manière approfondie : L'examen des tendances sur de longues périodes et à grande échelle est essentiel pour repérer les fraudes non détectées. Les fraudeurs peuvent dissimuler du trafic frauduleux au sein d'un flux légitime, donc il faut mener une analyse exhaustive des données pour détecter les comportements suspects.
● Aligner le niveau de détection en fonction de l'évolution de la menace : Il est crucial d’adapter la stratégie de détection aux spécificités des menaces rencontrées par l'entreprise. À titre d'exemple, si une entreprise parvient à mettre sur liste noire les éditeurs générant plus de 20 % de trafic frauduleux, elle doit veiller à détecter toute tentative de ces éditeurs de le réduire juste en dessous du seuil critique détecté.
● Comprendre le mode opératoire du fraudeur : Prenons le cas d'une campagne axée sur l'installation d'applications mobiles avec des récompenses pour les activités in-app : l’entreprise doit comprendre comment les bots simulent le comportement humain pour perturber la campagne. Une compréhension approfondie des objectifs des fraudeurs permet de mieux protéger ses campagnes contre leurs attaques.
● Exploiter la puissance de l'IA : Les solutions basées sur l'intelligence artificielle offrent une réponse rapide et efficace à la fraude publicitaire en ligne. Ces solutions utilisent plusieurs couches d’apprentissage automatique, telles que la détection basée sur les signatures, l'analyse comportementale et l'analyse des séries temporelles, pour différencier le trafic automatisé des interactions authentiques des utilisateurs. Cette approche permet aux annonceurs d'identifier et de bloquer la fraude de manière plus rapide et précise.
Pour les CMO, déjouer la fraude publicitaire est essentiel. En faisant appel à l'IA et en adoptant une approche stratégique axée sur les données, ils protègent leurs investissements et garantissent que chaque euro dépensé contribue à une véritable croissance du chiffre d'affaires. À travers cette approche, les CMO peuvent abandonner les méthodes de détection manuelles fastidieuses et s'assurer que leurs campagnes restent efficaces et transparentes.