L'open source, une réponse stratégique aux incertitudes et menaces de la guerre tarifaire

Aujourd'hui, des considérations géopolitiques et macroéconomiques s'invitent à la table du DSI. Face à ces défis, une solution émerge avec force : l'open source.

Longtemps relégué au second plan dû à l’absence d’un modèle économique clair pour les fournisseurs et dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques croissantes et une persistance de l’inflation, l’open source fait aujourd’hui un grand retour dans le secteur technologique, plébiscité par les utilisateurs. Il s’agit d’une alternative transparente et flexible face aux solutions technologiques sous le contrôle d’un fournisseur particulier.

Une réponse à l’inflation et à la pression sur les coûts 

Quand les fournisseurs de logiciels propriétaires sont tentés d'augmenter leurs tarifs, les clients ne peuvent souvent pas changer de fournisseur, car la structure de données et la mise en place des différentes solutions sont rarement interchangeables entre les vendeurs qui ne pratiquent pas l’open source. Il faut ré-architecturer les bases de données et ré-écrire une bonne partie du code et cela coûte en argent et en temps. 

Or, les infrastructures et services cloud n’échappent pas à l'inflation qui touche l’économie mondiale. Les géants du cloud comme AWS et Microsoft Azure ont récemment annoncé des hausses de prix. Après avoir intégré les fonctionnalités bénéficiant de l’intelligence artificielle, Google a augmenté le prix global de Google Workspace, sans que ses clients puissent refuser ces améliorations liées à l’IA.

Les solutions open source permettent la standardisation et la portabilité. Ce qui aide l'entreprise dans les négociations commerciales avec son fournisseur. Dans l’univers des bases de données open source, la solution technologique sous-jacente est la même ou compatible entre différents vendeurs. Une couche de fonctionnalités supplémentaires adaptée aux cas d’usage spécifiques est ce qui va différencier les solutions sur le marché. En optant pour des solutions open source, les entreprises s’offrent un plus large choix de vendeurs vers qui se tourner pour leur infrastructure. Elles peuvent réduire leurs dépenses liées à la gestion des données et à l’infrastructure informatique, tout en bénéficiant de flexibilité et d’agilité, des éléments essentiels dans un monde incertain. Cela leur permet alors de réinvestir dans des projets stratégiques, notamment ceux qui intègrent des technologies de pointe de l’IA.

La géopolitique et la souveraineté des données numériques 

L'optionalité plus grande liée à la portabilité des briques technologiques open source va au-delà des bénéfices tactiques face à un fournisseur que l’on peut remplacer plus facilement et donc avec qui on a un pouvoir de négociation accru. Il y a un aspect nouveau qui émerge avec la guerre tarifaire qui agite le monde en ce moment. La possibilité de transférer son infrastructure de données vers un autre fournisseur ou changer carrément d'environnement dans lequel on déploie son infrastructure (passer du cloud privé au cloud public et vice versa, changer de fournisseur de cloud public) représente désormais un bénéfice stratégique. 

Pour illustrer ce propos. Le jeudi 3 avril, la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, parle “d'attaquer les services numériques", “les Gafam par exemple». Une riposte possible sur le plan tarifaire, mais aussi une restriction de "l’accès à nos marchés publics" est envisagée. Et il n’est pas difficile d’imaginer des mesures encore plus restrictives, en référence à la “batterie d’outils” disponibles. On l’a compris, la guerre commerciale entre les États-Unis et le reste du monde, dont bien sûr la Chine, mais peut-être aussi l’Europe, peuvent créer des nouvelles réglementations nécessitant une infrastructure de données adaptative et évolutive.  

L'open source, en offrant un contrôle plus important sur les choix et des changements plus rapides de l’infrastructure sous-jacente des données digitales, permet aux entreprises de mieux gérer ces risques exogènes, qu’ils soient économiques ou politiques. L'intérêt croissant pour l’open source que nous constatons aujourd’hui s’explique peut-être par ce besoin d’avoir de vrais choix pour prendre les bonnes décisions sur son infrastructure digitale.

La réglementation : un défi complexe à relever 

Enfin, les réglementations comme le RGPD en Europe, ainsi que les nouvelles législations sur la protection des données à l’échelle mondiale, favorisent également cet environnement de plus en plus complexe pour les entreprises. Ces régulations exigent des contrôles stricts sur l’utilisation et le stockage des données personnelles, avec des sanctions financières lourdes en cas de non-conformité. L'open source, en garantissant transparence et contrôle sur l'infrastructure, permet aux entreprises de mieux répondre à ces exigences. Les entreprises peuvent personnaliser et auditer leur infrastructure en fonction des besoins spécifiques de conformité, une flexibilité que les solutions propriétaires ne peuvent pas toujours offrir. À cet égard, l’open source devient un levier clé pour non seulement respecter la réglementation, mais aussi anticiper les futures évolutions législatives.

L’open source, une réponses stratégique et bien plus encore 

Pour conclure, l’open source n’est plus une simple alternative : c’est aujourd’hui une réponse stratégique astucieuse et pertinente face aux changements futurs difficiles à prévoir pour les DSI. Dans un environnement marqué par l’inflation, les tensions géopolitiques et des réglementations toujours plus exigeantes, ce type de technologie offre aux entreprises la transparence, la portabilité de leur données, la flexibilité et le contrôle dont elles ont besoin pour assurer leur résilience et garantir leur conformité. Dans cette nouvelle ère technologique, l’open source n’est donc pas seulement un choix éclairé : c’est une vision d’avenir.