Oodrive, ce Français qui veut devenir le Box européen
Aux côtés de l'éditeur d'applications de gestion des talents TalentSoft, Oodrive fait partie des rares acteurs hexagonaux du SaaS à avoir passé le cap des 40 millions d'euros de chiffre d'affaires. Fort de 350 salariés, le spécialiste parisien du stockage de fichiers en mode cloud revendique à ce jour 15 000 entreprises clientes dans 90 pays et plus de 1 million d'utilisateurs actifs. Fort de ces acquis, Oodrive entend désormais passer à la vitesse supérieure. Son ambition ? S'imposer en Europe face à ses principaux concurrents, au premier rang desquels l'Américain Box - qui se positionne comme lui sur le BtoB. Pour relever ce défi, la société a bouclé une levée de fonds de 65 millions d'euros en mars dernier. Un record en France sur le créneau du SaaS.
Un pionnier du stockage de fichiers en mode SaaS
L'histoire d'Oodrive remonte à fin 2000. La société est fondée par deux frères, Stanislas et Edouard de Rémur, et par Cédric Mermilliod, un ami d'enfance. Affublée de ses deux Oo, la marque Oodrive s'inscrit alors dans la lignée des Yahoo!, Kelkoo, Ooshop et autres Wanadoo. 7 ans avant la création de Dropbox (et 5 avant celle de Box), les trois fondateurs français imaginent l'un des tous premiers services web de partage de fichiers. Avec à la clé une orientation grand public. "Nous étions installés dans le studio où vivait l'un de nous. En travaillant sur un premier business model, nous nous étions rendu compte qu'il n'existait pas à l'époque de solution pour transmettre des documents volumineux par internet. Nous étions obligés de partager nos dossiers via un disque Zip. C'est là que l'idée d'Oodrive a germé", se souvient Stanislas de Rémur.

La première version de l'application s'articule autour d'une simple arborescence HTML taillée pour échanger des fichiers de 2 à 4 Go. Oodrive ne disposant alors pas encore de R&D, son développement est sous-traité à une agence web.
Très vite, les trois associés se rendent à l'évidence : leur modèle économique, basé sur la publicité, ne fonctionne pas. En 2001, après une seconde levée de fonds d'amorçage, ils décident de pivoter et repositionnent leur offre sur le segment des entreprises. Et là, ça marche. Dès l'année suivante, l'activité commence à prendre. "Le produit jouait pleinement son rôle. En 2002, nous avons réalisé 250 000 euros de chiffre d'affaires. Le CA a ensuite doublé tous les ans", poursuit Stanislas de Rémur.
Pour maintenir son rythme de croissance, Oodrive se lance en 2006 dans une stratégie d'acquisitions. Le coup d'envoi est donné avec le rachat de la solution de travail collaboratif Mayetic. En 2008, c'est au tour du service belge de sauvegarde en ligne BlueBackUp. L'opération permet à l'éditeur de poser un premier pied à l'étranger. En 2012, le groupe reprend les actifs de CertEurope, l'un des principaux tiers de confiance français.
Date |
Entreprise |
Activité |
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2006 | Mayetic | Travail collaboratif |
2008 | BlueBackUp | Sauvegarde en mode SaaS (société belge) |
2011 | Omnikles | Dématérialisation des appels d'offres |
2012 | CertEurope | Tiers de confiance |
2013 | CommonIT | Navigateur sécurisé |
2014 | Active Circle | Stockage hiérarchique |
"Avec l'arrivée des Américains (Box puis Dropbox, ndlr), le stockage devenait une commodité. Ce constat nous a amené à orienter notre offre vers des verticaux métier", explique Stanislas de Rémur. Là encore Oodrive mise sur la croissance externe. Le rachat d'Omnikles en 2011 lui permet de mettre la main sur un outil de dématérialisation des appels d'offres pour le secteur public. En 2014, l'acquisition d'Active Circle, elle, lui apporte un outil de stockage hiérarchique pour le monde des médias.
Depuis lors, Oodrive commercialise aussi des déclinaisons de son service pour les départements juridiques ou RH, pour les acteurs du BTP… Sans oublier une offre spécialement dessinée pour les conseils d'administration et comités exécutifs. "Elle nous aide à accroître notre taux de pénétration au sein des grands groupes", reconnait Stanislas de Rémur (lire aussi : Voici comment Oodrive est parvenu à séduire 80% du Cac 40).
Un cloud mondial
En parallèle, le déploiement d'Oodrive à l'international se poursuit : la société s'implante en Suisse, à Hong Kong et en Espagne, puis en Allemagne et au Brésil. Couvrant l'Europe, l'Asie et l'Amérique Latine, son infrastructure serveur compte désormais huit datacenters (voir la carte ci-dessous). "Nos centres de données sont installés dans des cages que nous louons. Nous maîtrisons l'ensemble de la pile système, du matériel au logiciel. Cela nous permet d'optimiser nos coûts, mais aussi de nous adapter rapidement aux besoins de nos clients", explique Stanislas de Rémur.
Dans le sillage de sa levée de fonds de 65 millions d'euros, Oodrive compte une nouvelle fois sur la croissance externe pour avancer. L'objectif est désormais de booster sa croissance en Europe. De nouvelles acquisitions pourraient ainsi être très prochainement annoncées, notamment en Allemagne. "C'est un pays très similaire au notre en termes de besoins dans la sécurité et la confidentialité des données", commente Stanislas de Rémur. "Racheter une activité permet en outre d'être d'emblée identifié sur un marché par le biais d'une marque."
L'éditeur anticipe par ailleurs l'entrée en vigueur du nouveau Règlement général européen sur la protection des données. Un texte qui impose aux pays de l'UE de renforcer à partir de 2018 leur législation autour de la protection des données personnelles. "Nous souhaitons saisir cette opportunité pour nous imposer en Europe comme l'alternative incontournable aux solutions non conformes à la réglementation. Notre objectif est de devenir leader européen dans notre domaine", insiste Stanislas de Rémur. En associant croissance organique et croissance externe, Oodrive pourrait atteindre un effectif de 500 salariés dès 2018, anticipe le PDG.
Date de création | Septembre 2000 |
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Levées de fonds | 300 000 euros (2000), 90 000 euros (2001), 110 000 euros (2002), 4 millions d'euros (2007), 7,5 millions d'euros (2011), 65 millions d'euros (2017) |
Chiffre d'affaires (2016) | 40,5 millions d'euros |
Effectif | 350 salariés |
Siège | Paris |
Implantations | Allemagne, Belgique, Brésil, Espagne, Hong Kong, Suisse |
Nombre de clients pros | 15 000 |
Nombre d'utilisateurs actifs | Plus de 1 million |
Exemples de références | Axa, Carrefour, Danone, EDF, Lafarge, Michelin, L'Oréal, Pernod Ricard, PSA, Publicis, Vinci... |