Budget 2026 : le gouvernement prêt à revoir l'avantage fiscal des retraités

Budget 2026 : le gouvernement prêt à revoir l'avantage fiscal des retraités L'hypothèse d'une suppression alimente les tensions entre partisans d'un effort partagé et défenseurs du pouvoir d'achat des plus de 65 ans.

Alors que le gouvernement cherche 40 milliards d'euros d'économies pour contenir le déficit public, la remise en cause de l'abattement fiscal de 10% sur les pensions de retraite s'installe au cœur du débat budgétaire.

Un dispositif ancien, au coût élevé, dans le viseur de plusieurs ministres

Instauré en 1978, l'abattement fiscal de 10% s'applique automatiquement aux pensions de retraite, de réversion, d'invalidité ou alimentaires. Il vise à réduire le revenu imposable des retraités et est plafonné à 4 399 euros par foyer en 2025, selon le site officiel des impôts. Ce mécanisme concerne environ 8,4 millions de personnes, soit la moitié des retraités français, et représente un manque à gagner estimé à 4,5 milliards d'euros en 2023 selon la Cour des comptes, cité dans France Info.

Le sujet est porté publiquement depuis le 19 avril 2025 par Amélie de Montchalin. Dans un entretien au Parisien, la ministre des Comptes publics a déclaré : "On ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement. Ce n'est pas votre âge qui doit définir votre contribution mais aussi les moyens dont vous disposez". Une position partagée par d'autres membres du gouvernement, dont Éric Lombard, ministre de l'Économie, qui a affirmé que la suppression de cet abattement fiscal "n'était pas taboue".

Le président du Conseil d'orientation des retraites, Gilbert Cette, s'est également exprimé en faveur de la suppression de cet avantage, le qualifiant de "contre-nature", comme le rapporte BFMTV. Le président du Medef, Patrick Martin, estime quant à lui qu'il est "aberrant qu'un retraité bénéficie d'une exonération fiscale pour des frais professionnels".

Une réforme à fort impact fiscal, mais politiquement sensible

Selon une simulation présentée par le ministère de l'Économie lors du conclave budgétaire d'avril, la suppression de l'abattement fiscal des retraités pourrait rapporter 5,3 milliards d'euros par an en rythme de croisière. À titre de comparaison, un alignement de la CSG des retraités sur celle des actifs représenterait 11,3 milliards d'euros supplémentaires, selon Les Echos.

D'autres options sont également évoquées, comme une année blanche sur les prestations sociales, ou un ralentissement de l'indexation des pensions. D'après l'Insee, les retraités bénéficiaient en 2021 d'un niveau de vie médian supérieur de 2,1% à celui de l'ensemble de la population. Le taux de pauvreté monétaire chez les plus de 65 ans était de 10,6% en 2022, contre 14,4% pour l'ensemble des Français. L'institut souligne toutefois qu'au-delà de 80 ans, le niveau de vie des retraités devient inférieur de 6% à la moyenne nationale.

Plusieurs économistes estiment que la mesure épargnerait les retraités les plus modestes. Selon Pierre Madec, de l'OFCE, "les retraités dont le niveau de vie est inférieur à la médiane verraient leur revenu disponible moins affecté par la fin de l'abattement fiscal que par un gel de la revalorisation des pensions".

Du côté des oppositions, les réactions ont été vives. Laurent Wauquiez, président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale, a affirmé sur TF1 : "C'est hors de question. Coupons dans les dépenses publiques et notamment l'assistanat plutôt que d'accabler toujours les Français d'impôts". Le député LFI Éric Coquerel a déclaré : "On prend des cibles bien commodes. Est-ce l'urgence de toucher aux retraités ?".

Le débat, lancé en amont de la préparation du budget 2026, reste ouvert.