Sous pression, la BCE réduit une nouvelle fois ses taux directeurs
Confrontée à un climat économique incertain, la Banque centrale européenne a annoncé une nouvelle réduction de ses taux d'intérêt, la septième en moins d'un an.
Une baisse attendue dans un contexte de tensions commerciales
Jeudi 17 avril, les gouverneurs de la Banque centrale européenne ont décidé de baisser leurs trois taux directeurs de 25 points de base. À compter du 23 avril, le taux de dépôt s'établira à 2,25%, celui de la facilité de refinancement à 2,50%, et celui du prêt marginal à 2,65%. Cette décision fait suite à une série de six baisses entamée en juin 2024, alors que le taux de dépôt atteignait encore 4%.
Christine Lagarde, présidente de l'institution de Francfort, a reconnu que l'escalade des tensions commerciales mondiales modifiait l'équilibre initialement envisagé. Selon ses déclarations rapportées par Les Échos, certains membres du conseil envisageaient une pause en avril. La hausse des droits de douane imposés par les États-Unis à l'Union européenne – passés en moyenne de 3% à 13% – a cependant conduit à une décision unanime de poursuite de l'assouplissement monétaire.
Impact sur la croissance et incertitude sur l'inflation
Dans son communiqué, la BCE indique que l'environnement d'"incertitude exceptionnelle" devrait peser sur la confiance des ménages et des entreprises. L'évolution des échanges internationaux et les réactions volatiles des marchés financiers pourraient entraîner un durcissement des conditions de financement, compliquant l'accès au crédit pour les acteurs économiques européens.
Selon Le Monde, l'effet de la guerre commerciale sur la croissance pourrait être significatif. L'institution monétaire estime que si l'Union européenne répondait par des mesures similaires, la perte de croissance pourrait atteindre un point de PIB dans la zone euro. Les économistes cités s'accordent sur le fait que l'investissement et la consommation pourraient être durablement ralentis.
Concernant l'inflation, la BCE note une relative stabilité. En mars, la hausse des prix s'est établie à 2,2% sur un an dans la zone euro, soit un niveau proche de son objectif à moyen terme. Le processus de désinflation semble en cours dans les services, avec un ralentissement de 4% à 3,5% entre décembre 2024 et mars 2025. Les salaires, également surveillés de près, ont progressé de 4,1% au quatrième trimestre 2024, contre 4,5% le trimestre précédent.
Des marges de manœuvre encore envisagées
Les observateurs anticipent de nouvelles baisses des taux directeurs dans les mois à venir. Plusieurs économistes cités par Le Figaro tablent sur une réduction du taux de dépôt à 2% en juin, avec une poursuite possible jusqu'à 1,5% d'ici la fin de l'année. Cette perspective reste toutefois conditionnée à l'évolution de la situation économique mondiale et aux données macroéconomiques.
L'institution monétaire se dit prête à agir "réunion par réunion". Si la réponse européenne aux mesures américaines reste mesurée à ce stade, les responsables de la BCE n'excluent aucun scénario. Christine Lagarde a déclaré que l'Union européenne devait accélérer la mise en œuvre de projets économiques comme l'union des marchés de capitaux ou l'introduction de l'euro numérique.
Enfin, la présidente de la BCE estime que la dégradation du climat économique justifie que l'institution reste "agile" et "préparée" à ajuster rapidement sa politique monétaire si la situation venait à se détériorer davantage.