Paris : l'opposition accuse Anne Hidalgo de choisir " le cercle vicieux de la dette et des impôts "
Lors de sa campagne de réélection en 2020, la maire de Paris Anne Hidalgo avait promis de ne pas augmenter les impôts. "Il n'y a pas de hausse d'impôts et il n'y en aura pas", avait-elle assuré au Conseil de Paris, devant les élus. Une promesse répétée depuis, jusqu'à ce que la réalité la rattrape. En 2022, elle avait annoncé vouloir augmenter la taxe foncière. En février 2024, c'est la hausse des "frais de notaire", qui s'appliquent aux achats de biens immobiliers, que l'opposition conteste. Permise par l'adoption du projet de loi de finances 2025, cette augmentation des impôts locaux permet aux départements de relever le plafond des droits de mutation à titre onéreux (DMTO), ou "frais de notaire". Ceux-ci verront leur plafond relevé de 4,5% à 5%. La municipalité justifie cette décision par le contexte budgétaire tendu des collectivités locales. "On est obligé d'utiliser ce levier fiscal sous contrainte, pour financer le déficit de l'État", a expliqué Paul Simondon, adjoint à la mairie de Paris chargé des finances.
Des dispositifs alourdis
Parmi les dernières augmentations, celle de la taxe foncière, dont le taux est passé de 13,5% à 20,5% en 2023, avait déjà suscité une indignation. Selon la droite, les Parisiens sont les premières "victimes" de la gestion financière "désastreuse" de la Ville. La majorité municipale s'était défendue en rappelant que l'État avait refusé d'accéder à certaines de ses demandes en matière de fiscalité, allant de l'augmentation des taxes de séjour sur les 5 étoiles et les palaces à l'alourdissement des taxes sur les résidences secondaires et les logements vacants, ou encore l'augmentation des DMTO. En 2023, la mairie de Paris avait choisi de relever la taxe d'habitation sur les résidences secondaires à 60%, afin de limiter contre ces logements qui se sont multipliés en quinze ans. Une façon d'"inciter davantage de propriétaires à remettre sur le marché locatif des logements actuellement utilisés comme résidences secondaires ou occasionnelles". La majoration de 20% qui concernait ces logements avait été jugée insuffisante par la Ville, "notamment au regard du niveau de taux de taxe d'habitation parisien".
La taxe de séjour a également été relevée plusieurs fois, afin d'atteindre 15,80 euros aujourd'hui par personne et par nuit dans un palace. De plus, les tarifs de stationnement sur la voie publique ont bondi ces dernières années. En août 2021, celui-ci est passé de 4 à 6 euros dans la zone 1 (1er au 11ème arrondissement) et de 2,40 à 4 euros dans la zone 2 (12ème au 20ème arrondissement). Le stationnement des deux roues est également devenu payant, avec des tarifs préférentiels dans le quartier de résidence, et celui des SUV a bondi pour des raisons écologiques.
Un discours inchangé
Pour l'Hôtel de Ville, ces hausses d'impôt répondent à un impératif face au désengagement de l'État. La mairie justifie chaque nouvel impôt afin de garantir les finances "nécessaires au maintien de la qualité des services publics et à l'accélération de la transformation écologique de la Ville". Avec les prélèvements de la nouvelle loi finance, le manque à gagner pour Paris serait de "l'ordre de 7 milliards d'euros", selon les calculs d'André Laignel, vice-président délégué de l'Association des maires de France. Selon Paul Simondon, malgré ses promesses, l'État n'a pas compensé la suppression d'impôts dont les revenus revenaient aux départements ni les baisses de subventions. "La seule possibilité d'augmenter les recettes" pour la mairie serait donc d'augmenter les DMTO. "J'aimerais vous dire que ça va venir payer nos services publics, mais ça va aller directement dans les caisses de l'État. On n'a absolument pas le choix", a-t-il insisté. De son côté, l'opposition appelle à réduire les dépenses plutôt qu'augmenter les recettes. Pierre-Yves Bournazel, président du premier groupe d'opposition (Union capitale) dénonce le "choix de la facilité". "On laisse courir la dette, on augmente les impôts et les tarifs municipaux mais on ne fait aucun effort sur le train de vie de l'Hôtel de Ville. […] Les dépenses de fonctionnement ne cessent de croître alors que les dépenses d'investissement sont en baisse", fustige-t-il. Ainsi, "la Ville continue à rendre notre capitale moins attractive pour les habitants et participe à la dégradation d'un certain nombre de services publics, comme la sécurité et la propreté, et participe ainsi au départ de 12 000 Parisiens chaque année", continue-t-il. Pour David Alphand, co-président avec Rachida Dati du groupe Changer Paris, en refusant de faire des économies, la Ville n'a plus le choix que d'augmenter les impôts. "Le cercle vicieux de la dette et des impôts", qui affectera directement les Parisiens.