Finances publiques : la France, grande perdante de la rigueur budgétaire en Europe

Finances publiques : la France, grande perdante de la rigueur budgétaire en Europe L'écart entre les finances françaises et celles de ses voisins s'est creusé depuis 2019, en raison d'une baisse inédite des recettes publiques.

En 2024, la France enregistre le déficit public le plus élevé de la zone euro et affiche une des dettes les plus importantes, selon Eurostat. Son profil budgétaire s'écarte nettement de la moyenne européenne.

Une dégradation plus marquée que chez ses voisins

Selon les dernières données publiées par Eurostat, la France a terminé l'année 2024 avec un déficit public de 5,8% du PIB. Il s'agit du ratio le plus élevé parmi les 20 pays de la zone euro. Seule la Slovaquie dépasse également les 5%, avec un déficit de 5,3%. À titre de comparaison, la moyenne dans la zone euro s'établit à 3,1%, et celle de l'Union européenne à 3,2%. Parmi les États hors zone euro, seuls la Roumanie (9,3%) et la Pologne (6,6%) affichent des déficits supérieurs.

Entre 2019 et 2024, le déficit public français s'est accru de 3,4 points de PIB, contre une hausse moyenne de 2,6 points dans la zone euro. Cette évolution est liée à la fois à une diminution des recettes publiques de 1,7 point de PIB et à une augmentation des dépenses de 1,8 point. D'après François Ecalle, fondateur du site Fipeco relayé par Les Echos, la baisse des recettes distingue la France de la majorité des pays de la zone, où les recettes sont restées stables ou ont progressé. En Espagne, par exemple, les recettes ont augmenté de 3,3 points entre 2019 et 2024, compensant une hausse équivalente des dépenses.

Une dette et des dépenses parmi les plus élevées de la zone euro

La dette publique française atteignait 113% du PIB fin 2024. Elle se place au troisième rang de la zone euro, derrière la Grèce (153,6%) et l'Italie (135,3%). La moyenne dans la zone euro s'élève à 87,4%. Douze pays membres présentent une dette supérieure à 60% du PIB, seuil fixé par le Pacte de stabilité. Parmi eux, seuls six dépassent les 95%, dont la France.

La progression de la dette française depuis 2019 atteint 14,8 points de PIB, l'une des plus importantes de la zone euro. Seule la Finlande enregistre une augmentation plus forte. En comparaison, la hausse moyenne de la dette dans l'union monétaire est limitée à 3,8 points sur la même période.

En 2024, la dépense publique française représentait 57,1% du PIB, crédits d'impôts inclus. Ce niveau place la France juste derrière la Finlande (57,6%) et bien au-dessus de la moyenne de la zone euro, fixée à 49,6%. Les trois quarts des États de la zone ont des dépenses publiques inférieures à 50% du PIB. Du côté des recettes, la France se situe au troisième rang, avec un niveau équivalent à 51,3% du PIB, dont 42,8% de prélèvements obligatoires, derrière la Finlande et l'Autriche.

Un écart croissant avec les autres États de la zone

En 2024, douze pays de la zone euro sont parvenus à ramener leur déficit public sous les 3%, objectif fixé par les règles européennes. Certains États enregistrent même un excédent : le Portugal (+0,7%), le Luxembourg (+1,0%), la Grèce (+1,3%), Chypre (+4,3%), l'Irlande (+4,3%) et le Danemark (+4,5%). À l'inverse, la France conserve un déficit presque deux fois supérieur à la moyenne de la zone.

L'évolution observée en 2024 montre un recul du déficit dans treize États membres et une hausse dans quatorze autres. La France figure parmi les pays dont la situation s'est détériorée. Elle fait également partie des seize États qui ont vu leur ratio dette/PIB augmenter sur l'année. Cette progression s'élève à +3,2 points pour la France, contre +0,1 point dans l'ensemble de la zone euro.