Face au ralentissement, la BCE n'écarte plus de nouvelles baisses de taux
Les dernières déclarations de la Banque centrale européenne et de plusieurs de ses gouverneurs confirment l'hypothèse d'un nouvel assouplissement monétaire dans les semaines à venir, dans un contexte économique européen marqué par le ralentissement de l'activité et la désinflation.
Une conjoncture dégradée qui alimente l'anticipation d'un nouveau desserrement
Le 17 avril, la BCE a abaissé son taux de dépôt à 2,25%, signant sa septième baisse en dix mois. Christine Lagarde a alors justifié cette décision par l'"incertitude hors normes" qui entoure les perspectives économiques, tout en soulignant la nécessité de maintenir une politique "réactive et agile". Depuis, les marchés anticipent au moins deux baisses supplémentaires d'ici la fin de l'année, avec un taux directeur potentiellement ramené à 1,25%, selon une estimation de Bank of America relayée par Les Échos.
Plusieurs éléments renforcent cette perspective. L'indice PMI composite de la zone euro est passé de 50,9 à 50,1 points en avril, au plus bas depuis deux ans et demi, traduisant une quasi-stagnation de l'activité. La croissance des salaires montre également des signes de ralentissement. À cela s'ajoute l'impact désinflationniste des droits de douane américains récemment imposés sur des produits européens, qui limitent les hausses de prix.
Présent lors des réunions de printemps du FMI, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a déclaré sur RTL que "la BCE a encore une marge progressive de baisse des taux d'intérêt", en rappelant que l'objectif d'inflation de 2% était désormais à portée. Il a également précisé qu'il n'y aurait "pas d'inflation supplémentaire, ni cette année ni l'année prochaine" en Europe, comme l'a rapporté L'Usine Nouvelle.
Dans un article de Reuters, plusieurs responsables de la BCE ont confirmé anonymement qu'un consensus s'était formé en faveur d'une nouvelle réduction de 25 points de base en juin, tout en écartant l'idée d'un ajustement plus large, jugé prématuré. Ils rappellent que les décisions monétaires restent soumises à des données économiques encore volatiles.
Des voix plus conciliantes au sein de la BCE
Les signaux émis par certains membres historiquement prudents du Conseil des gouverneurs marquent un tournant. Le président de la Bundesbank Joachim Nagel a reconnu que l'Europe se trouvait "dans une situation de stagnation", ajoutant qu'une récession restait possible en Allemagne. Ces propos, contrastent avec sa position habituellement plus restrictive.
Robert Holzmann, gouverneur de la banque centrale autrichienne, a pour sa part estimé que les annonces tarifaires des États-Unis auraient un effet davantage désinflationniste qu'inflationniste. Il a prévenu que, même en cas de résolution partielle des tensions commerciales, "il y aura des cicatrices dans l'économie", signe d'un affaiblissement structurel de la demande.
Dans ce contexte, les prochaines prévisions économiques de la BCE, attendues lors de la réunion du 4 juin, sont particulièrement surveillées. Le FMI a déjà revu à la baisse ses perspectives pour la zone euro, avec une croissance attendue à 0,8% en 2025 contre 1% précédemment. Les responsables de la BCE maintiennent une position prudente, mais reconnaissent que les conditions actuelles renforcent la probabilité d'un nouvel ajustement monétaire.