Entre pertes, licenciements et alliance stratégique, Intel joue sa survie

Entre pertes, licenciements et alliance stratégique, Intel joue sa survie Face à la menace de nouveaux droits de douane chinois, le groupe revoit ses priorités stratégiques et cherche des relais de croissance en dehors de son modèle historique.

Intel débute 2025 avec des résultats en demi-teinte, une prévision revue à la baisse et une réduction drastique de ses effectifs. Le groupe amorce un tournant en nouant un partenariat industriel inédit avec TSMC, alors que les tensions commerciales et les incertitudes réglementaires pèsent sur ses perspectives.

Résultats décevants et révision des prévisions

Pour le premier trimestre, Intel a enregistré un chiffre d'affaires stable à 12,7 milliards de dollars, soit légèrement au-dessus des attentes du marché, qui tablait sur 12,3 milliards selon FactSet, relayé par Le Figaro. Son bénéfice net reste toutefois négatif, avec une perte de 800 millions de dollars. Le bénéfice par action, hors éléments exceptionnels, ressort à 13 cents. L'entreprise anticipe désormais pour le deuxième trimestre un chiffre d'affaires compris entre 11,2 et 12,4 milliards, bien en deçà des 12,8 milliards estimés par les analystes. Cette annonce a été sanctionnée en Bourse, l'action reculant de 5% dans les échanges après clôture.

Lors de l'appel avec les analystes, David Zinsner, directeur financier d'Intel, a déclaré que "les politiques commerciales très fluctuantes aux États-Unis et au-delà, ainsi que les risques réglementaires, ont augmenté le risque de ralentissement économique, la probabilité d'une récession augmentant", cité par L'Usine Digitale. Il a également indiqué que la société maintenait ses prévisions de dépenses d'investissement entre 8 et 11 milliards de dollars pour 2025, mais réduisait ses objectifs de dépenses d'exploitation à 17 milliards de dollars, contre 17,5 précédemment. En 2026, elles devraient tomber à 16 milliards.

Réduction d'effectifs et recentrage des activités

Selon Bloomberg, Intel prévoit de supprimer plus de 20% de ses effectifs, après avoir déjà annoncé une réduction de 15% en août 2024. Ce nouveau plan vise à réduire la structure hiérarchique et les processus internes. Dans une note interne, publiée sur le site d'Intel, le PDG Lip-Bu Tan affirme : "Il n'y a pas de solution simple : ces changements critiques vont réduire la taille de notre effectif", cité par Reuters. La note précise que les licenciements débuteront au deuxième trimestre 2025.

Le retour au bureau quatre jours par semaine sera imposé à partir du 1er septembre. Les réunions internes seront limitées et une partie des fonctions administratives sera supprimée. L'entreprise reporte par ailleurs l'ouverture d'une usine dans l'Ohio, initialement prévue pour 2025, à l'horizon 2030.

Coopération renforcée avec TSMC et incertitudes commerciales

Intel a engagé des discussions avancées avec TSMC pour créer une coentreprise visant à exploiter certaines de ses usines. Le projet impliquerait une prise de participation de TSMC limitée à 50%. Le PDG d'Intel, Lip-Bu Tan, a confirmé avoir rencontré C.C. Wei, PDG de TSMC, ainsi que son prédécesseur Morris Chang, pour "trouver des domaines de collaboration possibles et créer une situation gagnant-gagnant". TSMC a confirmé qu'Intel est un "partenaire de longue date", sans commenter plus en détail.

D'après l'agence, des propositions ont aussi été faites à Nvidia, AMD, Broadcom et Qualcomm pour rejoindre le projet. Le gouvernement américain suit ces échanges de près, dans le cadre de sa politique de relocalisation de la production de semi-conducteurs. L'administration Trump aurait appuyé l'initiative, à condition qu'Intel ne passe pas sous contrôle étranger.

Le climat commercial reste défavorable. La China Semiconductor Industry Association a annoncé en avril des droits de douane pouvant atteindre 85% sur les puces fabriquées aux États-Unis. Intel, qui exporte pour environ 8 milliards de dollars de CPU vers la Chine chaque année, est directement exposé à ces nouvelles mesures.