Face au tollé des constructeurs, Donald Trump temporise sur les taxes automobiles
Sous la pression croissante du secteur automobile, l'administration Trump envisage des ajustements à sa politique douanière, tout en affirmant qu'aucune décision n'est actée à ce stade.
Des taxes jugées excessives par les industriels
Depuis plusieurs mois, les constructeurs automobiles américains et européens multiplient les alertes sur les conséquences économiques des droits de douane automobile. Ces taxes, actuellement fixées à 25% sur les véhicules importés et certaines pièces détachées, s'appliquent notamment aux produits venus de Chine, dans le cadre d'un différend lié au fentanyl. Selon une étude du Center for Automotive Research, ces prélèvements pourraient alourdir les coûts de production de l'industrie automobile américaine de 108 milliards de dollars en 2025.
En réponse, plusieurs pistes sont examinées par l'administration américaine. D'après des sources citées par le Financial Times, relayées par Les Echos, certaines pièces automobiles pourraient être exemptées des droits de douane imposés sur les importations en provenance de Chine. Une autre option envisagée consisterait à ne plus cumuler les différentes taxes douanières, en particulier celles appliquées à l'acier et à l'aluminium. Une troisième hypothèse concernerait les composants respectant les critères de l'accord commercial États-Unis-Mexique-Canada (ACEUM), qui pourraient être partiellement ou totalement exonérés.
Ces projets d'ajustement ne concerneraient pas les véhicules complets importés, toujours soumis à une taxe de 25%. De plus, les pièces conformes à l'ACEUM, initialement exemptées, devaient être soumises à une taxation sur leur part non américaine, une mesure qui pourrait être abandonnée.
Pression du secteur automobile et absence de confirmation officielle
Les dirigeants des principaux groupes automobiles, dont Stellantis, multiplient les demandes pour exclure les composants à bas prix des futures hausses tarifaires. John Elkann, président de Stellantis, a déclaré que "les industries automobiles américaines et européennes sont mises en danger" par cette politique douanière. De leur côté, Ford et Tesla ont commencé à adapter leur logistique. Tesla a suspendu l'acheminement de composants chinois pour ses modèles Cybercab et Semi, selon une source relayée par Reuters, citée par Zone Bourse. Ford a cessé d'expédier certains véhicules vers la Chine, confronté aux mesures de rétorsion qui ont porté les taxes jusqu'à 150%.
En parallèle, les marchés financiers réagissent à l'évolution du discours de Washington. À Paris, le titre Valeo s'est maintenu malgré un contexte baissier, tandis que JP Morgan anticipe un mouvement de relocalisation d'une partie de la production vers les États-Unis. HSBC et AlphaValue Baader Europe ont néanmoins ajusté à la baisse leurs objectifs de cours sur plusieurs équipementiers.
Malgré ces signaux, Donald Trump a déclaré : "Non, nous ne l'envisageons pas pour l'instant, mais à un moment donné, les droits de douane pourraient être augmentés". Il a ajouté : "Nous ne voulons pas vraiment que le Canada fabrique des voitures pour nous. Pour parler franchement, nous voulons fabriquer nos propres voitures, et nous sommes maintenant équipés pour le faire".
Aucune confirmation officielle n'a été communiquée par la Maison-Blanche concernant un éventuel allègement. Sollicitée par Bloomberg, l'administration n'a pas souhaité répondre.