Google maintient les cookie tiers : "une énorme victoire pour l'open web"
Après des mois de tergiversations, Google décide de maintenir le statu quo concernant les cookies tiers sur Chrome. L'entreprise ne va plus proposer une "expérience" de consentement spécifique aux cookies tiers, comme elle l'avait indiqué l'été dernier et qui aurait à n'en pas douter favorisé le déclin progressif de cette technologie quasiment aussi vieille qu'internet. Google ne va plus non plus les supprimer, comme il avait l'intention de le faire depuis 2020, une suppression maintes fois repoussée. A la place de tout cela, Google décide de maintenir la situation actuelle, l'internaute souhaitant changer son consentement par défaut devant se rendre dans les paramètres de confidentialité de Chrome. Toute l'industrie de la publicité était suspendue à cette décision, accueillie très positivement ce matin par Nicolas Rieul, le président de l'Alliance Digitale.
"Nous saluons cette décision, c'est une énorme victoire pour l'économie de l'open web. Cette 'expérience' que Google entendait proposer risquait d'aboutir à une situation aussi problématique que celle que nous avons connue avec l'App Tracking Transparency (ATT) et qui vient de valoir à Apple une amende de 150 millions d'euros et la reconnaissance par l'Autorité de la concurrence française d'abus de position dominante", nous déclare Nicolas Rieul. Pour le président de l'Alliance Digitale, Google a attendu de connaître la décision de l'Autorité de la concurrence française avant d'acter la fin de son projet. "Cette expérience de consentement binaire qui serait proposée à tous les utilisateurs au niveau du navigateur et imposée à tous les sites sans distinction aurait été catastrophique pour l'économie de l'open web et renforcé la position dominante de Google", précise-t-il.
"Les solutions alternatives continueront d'exister et de se développer"
Quid des nombreuses solutions alternatives qui se sont développé pour servir l'industrie de la publicité en remplacement aux cookies tiers ? "Nous ne sommes pas très surpris de cette décision vu l'actualité juridique de Google aux Etats-Unis. Mais en pratique cela ne règlera pas pour autant le problème de la perte d'attractivité de l'open web", déclare David Folgueira, CEO de First-id. "Les éditeurs et les annonceurs doivent continuer de trouver des moyens de réduire leur dépendance à l'égard d'un même fournisseur de technologie. First-id n'est plus seulement une alternative à la perte des cookies tiers : dès 2023 nous avons compris qu'il nous fallait établir des ponts entre les éditeurs et les écosystèmes qui sont des poches de croissance, comme la CTV, l'in-app et le retail dans l'intérêt de l'open web", poursuit le dirigeant. Et à Nicolas Rieul de conclure : "Les solutions alternatives ont déjà fait leurs preuves dans les écosystèmes dépourvus de cookies tiers, comme Firefox et Safari. Elles continueront d'exister et de se développer car les différentes parties prenantes de notre industrie ont bien compris l'intérêt de ne pas être dépendant d'une seule technologie."
Quant à la Privacy Sandbox, risque-t-elle de tomber à l'eau après toutes ces années de développement et d'investissements ? Il est fort à parier que oui. Antony Chavez, VP Privacy Sandbox, le reconnait à demi-mot dans le billet de blog qui annonce cette décision : "A la lumière de cette mise à jour, nous comprenons que les API de la Privacy Sandbox pourront avoir un rôle différent à jouer dans le soutien de l'écosystème. Nous nous engagerons avec l'industrie à recueillir des commentaires et partager une feuille de route actualisée pour ces technologies, y compris nos futurs domaines d'investissement, dans les mois à venir." A bon entendeur…