Nicolas Pollet (Invibes Advertising) "Invibes prend un virage majeur vers l'IA générative"

Nicolas Pollet, CEO de la plateforme française de publicité in-feed, explique au JDN comment fonctionne Outfit HP, son application d'hyperpersonnalisation dédiée au secteur de la mode, premier d'une série de lancements à venir.

Nicolas Pollet, CEO d'Invibes. © Invibes

JDN. Invibes Advertising lance ce mercredi 9 avril une nouvelle solution. Quelle est sa spécificité ?

Nicolas Pollet. Nous officialisons le lancement d'une toute première solution d'hyper-personnalisation publicitaire entièrement construite avec l'IA générative, dédiée au secteur de la mode : Invibes Outfit HP. Les campagnes sont déjà live. Nous lancerons dans les mois à venir des solutions d'hyper-personnalisation des campagnes avec l'IA générative pour d'autres secteurs d'activité, à commencer par le retail et l'automobile, ainsi que d'autres applications et fonctionnalités cross-secteurs.

Invibes concrétise aujourd'hui un véritable virage vers l'IA générative avec une spécificité majeure liée à la nature même de notre plateforme, qui est 100% propriétaire et directement intégrée aux éditeurs (300 éditeurs en France, ndlr) et aux annonceurs. Toutes nos campagnes sont signées en direct. Le fait que tout soit intégré chez nous prend encore plus de sens avec l'IA générative.

Quelles sont les briques et les fonctionnalités d'Invibes Outfit HP ?

Les LLM sont associés à toutes les phases d'activation de la campagne, de sa création jusqu'à son optimisation. Parlons de la création d'abord : notre outil est capable de générer instantanément des visuels photoréalistes de mannequins, à partir de prompts adaptables, selon le public ciblé (text-to-image). Il applique ensuite sur ces mannequins les vêtements de marque, c'est-à-dire les assets que nous récupérons chez nos clients, en s'adaptant à toutes les morphologies et postures. C'est ce qu'on appelle un essayage virtuel. En résumé, Invibes génère non seulement le mannequin mais en plus l'habille avec les vêtements.

" Invibes non seulement génère le mannequin mais en plus l'habille avec les vêtements"

Viennent ensuite le ciblage et l'optimisation. Les modèles analysent les données de l'Invibes Data Cloud (sociodémo, centres d'intérêt, retours de campagne, etc., ndlr) pour associer à chaque opportunité publicitaire la création la plus pertinente, en ligne avec les préférences de l'utilisateur et les objectifs de marque. Grâce à la technologie d'image-to-text nous pouvons nourrir notre solution avec des descriptions détaillées des visuels de la marque, restituant le style, l'ambiance et le contexte, pour renforcer la pertinence de la personnalisation des créations. Enfin, les interactions en temps réel (clics, temps passé, etc.) alimentent de manière permanente l'optimisation de la personnalisation, ce qui rend la campagne encore plus performante. L'outil teste en permanence pour retenir ce qui fonctionne le mieux, tout se fait en temps réel grâce à notre intégration directe à la fois avec les éditeurs et les annonceurs.

Quel choix donnez-vous aux annonceurs qui ne souhaitent pas que leurs collections soient portées par des mannequins générés par l'IA ?

Ils pourront toujours continuer de diffuser uniquement leurs assets s'ils le souhaitent et bénéficier en revanche de nos algorithmes de ciblage boostés à l'IA générative pour améliorer l'efficacité de leurs campagnes. Nous pouvons aussi envisager de créer des modèles pour un annonceur voire une typologie d'annonceurs. Je pense à terme que tout le monde finira par embrasser ce virage, tant qu'il sera fait de manière qualitative. Les annonceurs cherchent la productivité que l'IA peut leur offrir.

Vous indiquez que cette technologie permet d'amplifier l'engagement, l'impact de la marque et les résultats commerciaux. De combien ?

Nous observons déjà un uplift assez marqué sur l'engagement, c'est-à-dire le temps passé par les internautes à regarder la créa avec ou sans interaction et clic. Nous avons une dizaine d'années de campagnes et nous savons que dès que l'engagement se renforce automatiquement on observe un meilleur brand lift et des retombées business. Plus une campagne est personnalisée meilleurs sont les résultats que nous pouvons lui attribuer. La force de l'IA générative, c'est qu'elle démultiplie les possibilités de personnalisation.

Quels LLM utilisez-vous dans votre techno ?

Nous nous servons principalement de modèles de Mistral AI et d'Open AI.

Quel est le coût pour l'annonceur ?

Nous ne changeons pas nos tarifs : ils restent les mêmes, il n'y aura aucun surcoût pour nos annonceurs.

Pourquoi avoir pris cette décision d'opérer ce virage vers l'IA ?

L'IA générative est une révolution majeure. Pour ce qui est de notre marché publicitaire, elle vient apporter ce dont il a besoin pour se redynamiser : beaucoup plus d'efficacité et de productivité. L'open web souffre très fortement de la concurrence des plateformes sociales. Nous, chez Invibes, nous constatons un véritable coup de frein qui a gagné ce marché depuis fin 2022. Depuis cette année-là la situation est beaucoup plus tendue pour les acteurs technologiques indépendants. C'est tout à fait logique : les annonceurs sont devenus beaucoup plus exigeants sur les retours procurés à leurs investissements, les Gafam ont continué de se renforcer et les plateformes de streaming sont venues renforcer la concurrence dans le secteur du branding.

"Nous ne changeons pas nos tarifs : il n'y aura aucun surcoût pour nos annonceurs"

Les 80 formats d'Invibes, bien que différenciants et innovants, ne suffisaient plus pour peser fortement face à ce contexte. Il nous fallait opérer un virage radical vers beaucoup plus de productivité et d'efficacité. C'est pourquoi nous avons pris la décision, mon associé Kris Vlaemynck et moi, d'opérer ce virage majeur vers l'IA générative. C'est un immense chantier qui transforme toute la plateforme : nos algorithmes de ciblage, le front, la gestion des créas, la relation avec Invibes data cloud, tout est transformé. Demain, avec nos lancements à venir, nous irons encore plus loin.